VHP3U3 (2018-2019) : Métaphysique – Grandes controverses, L2, S3 (Ph. Roy)

Intuition versus réflexion ?

Philippe Roy

Résumé

Si, minimalement, par “intuition” est désignée une connaissance immédiate, directe, alors on lui opposera une connaissance réflexive en entendant aussi un raisonnement, une déduction, un déploiement conceptuel, un système… Mais cette opposition est-elle seulement modale (deux modes de connaissance) ou alors est-elle aussi polémique (un mode de connaissance nie que l’autre en soit fondamentalement un) ? Y a-t-il une priorité ontologique, cognitive de l’une des connaissances sur l’autre ? Et de quoi y aurait-il connaissance ? Pour répondre à ces questions nous analyserons les différents sens que certains philosophes ont donné à cette idée d’intuition (ne serait-ce qu’en la caractérisant comme sensible ou intellectuelle) en allant de Descartes à Bergson (en passant par Spinoza, Locke, Kant, Schelling, Hegel et peut-être d’autres). Il sera donc question de l’intuition en philosophie et non en mathématique, dans l’art ou dans la religion (ou indirectement si le philosophe y réfère). Il conviendra de se demander pour chacune des philosophies abordées ce qu’il faut entendre par “intuition” et comment est pensé, au sein de chacune d’elle, son rapport à la réflexion (et quelle forme cette dernière prend). Nous prendrons aussi comme support d’investigation des controverses entre philosophies comme celle de Schelling (intuition de l’Absolu) et de Hegel (réflexion de l’Absolu en lui-même, à travers et par une logique philosophique). L’intérêt sera aussi, en parcourant ces philosophies, de problématiser les conditions mêmes de la relation entre intuition et réflexion : sont-elles indépendantes ? L’une est-elle possible sans l’autre ? Si non, pourquoi ?

Bibliographie indicative 

– Bergson, L’intuition philosophique, PUF, 2011.

– Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, Vrin, 1970.

– Hegel, Précis de l’encyclopédie des sciences philosophiques, Vrin, 1978.

– Kant, Abrégé de Philosophie ou Leçons sur l’Encyclopédie philosophique, Vrin, 2009.

– Kant, Critique de la raison pure, Gallimard, 1980.

– Locke, Essai sur l’entendement humain, Livres III et IV, Vrin, 2006.

– Schelling, Introduction à l’Esquisse d’un système de philosophie de la nature, Librairie Générale Française, 2001.

– Spinoza, Éthique, Éditions de l’éclat, 2005.