Colloque « Théories et pratiques de l’autogestion »
Jeudi 7 et vendredi 8 septembre 2023
Université de Franche-Comté, UFR SLHS
Grand Salon (Salle E14)
18 rue Chifflet, Besançon
Colloque organisé par le laboratoire des Logiques de l’Agir
(Université de Franche-Comté) et par l’ANR THEOVAIL (CEVIPOF, Sciences Po Paris)
Comité d’organisation: Antoine Aubert, Samuel Hayat, Céline Marty,
Laurent Perreau, Camille Ternier
Contact: Céline Marty et Laurent Perreau
Présentation
À l’occasion des 50 ans de la grève autogérée de Lip, nous souhaitons interroger dans ce colloque les théories et pratiques autour du concept d’autogestion. Il désigne d’abord des expériences diverses en Yougoslavie, en Algérie et dans les kibboutz israëliens. Il est ensuite popularisé en Europe dans les années 1960 et 1970 par divers mouvements sociaux et acteurs historiques (CFDT, PSU). À partir de 1968, il devient une sorte de mot d’ordre qui semble unifier une multitude d’aspirations émancipatrices. Perspective d’émancipation individuelle et collective, l’autogestion entend répondre aux situations d’aliénation, d’exploitation et de domination. Elle dessine un idéal d’autonomie incarné et situé, qui se réalise et se maintient par la pratique, par un pouvoir exercé directement par ses acteurs plutôt que délégué ou représenté par un tiers. En matière d’autogestion, il est particulièrement pertinent de croiser l’élaboration théorique avec les expériences pratiques qui la font naître, la stimulent et la renouvellent. Comment peuvent alors dialoguer l’histoire et la sociologie de l’autogestion avec la philosophie des pratiques ?
L’intérêt du concept tient à sa plasticité souple qui ne l’enferme pas dans un domaine de la pratique : l’usine tout comme l’école, l’habitat ou les luttes peuvent être autogérés. La popularité de ce concept soulève des questions théoriques comme pratiques. Quels sont les apports théoriques de ce concept par rapport à ceux plus abstraits d’autonomie ou de liberté ? Pourquoi ce vocabulaire-là se substitue-t-il à celui de l’associationnisme et des mouvements coopératifs du XIXe siècle ? Quelles pratiques permet-il de penser ? Y a-t-il des domaines qui ne se prêtent pas à des pratiques autogestionnaires ? À quelles conditions, théoriques et pratiques, le concept et l’expérience d’autogestion remplissent-ils leurs promesses d’émancipation ?
La plasticité du concept, si elle constitue un avantage théorique et pratique notable, peut aussi constituer sa faiblesse si le concept se dilue dans une diversité d’expériences hétérogènes au point de perdre en signification ou s’il se fige en idéal trop exigeant. Voici quelques-unes des questions qui pourront être abordées à l’occasion de ce colloque : on pourra se demander à quelles conditions une pratique peut relever du registre de l’autogestion. Inversement, y a-t-il des domaines qui ne se prêtent pas à des pratiques autogestionnaires ? Plus largement, sous quelles conditions, théoriques et pratiques, le concept et l’expérience d’autogestion remplissent-ils leurs promesses d’émancipation ? Quels sont les apports théoriques de ce concept par rapport à ceux plus abstraits d’autonomie ou de liberté ? Pourquoi le lexique de l’autogestion se substitue-t-il à celui de l’associationnisme et des mouvements coopératifs du XIXe siècle ? Comment l’histoire et la sociologie de l’autogestion peuvent-elles dialoguer avec la philosophie des pratiques ?