Quand l’écoulement prend corps.
Recherches hésitantes sur la systasis des naturalistes grecs
Pascal Luccioni (HiSoMA-Lyon 3)
RésuméCherchant à comprendre ce qu’est la coction antique (πέψις) , je me suis interrogé sur le sens du grec systasis (σύστασις) et partant, sur le sens de certains verbes composés (notamment συνιστάναι et surtout le moyen συνίστασθαι : se dit d’une substance qui prend de l’épaisseur, d’une matière qui coagule etc.), voire du simple (ἱστάναι : “arrêter un liquide”). Je me suis demandé si les fluides végétaux pouvaient jouer un rôle dans une conception grecque de l’avènement de la matière, du moment où une matière prend corps : quelles notations a-t-on chez les médecins ou les divers spécialistes ès-plantes de l’Antiquité au sujet des plantes relativement à la systasis des fluides ? On verra que c’est notamment l’expérience des rapports entre plantes ou substances végétales et fluides corporels qui permet peut-être d’éclairer ce qu’est la systasis. Comme bien souvent, ce n’est pas tant la plante qui doit être observée isolée ; c’est la rencontre entre la plante et l’animal ou l’homme. Mais le caractère éclaté de la documentation (notamment le CH, les médecins d’époque impériale, le corpus aristotélicien…), tant en termes de chronologie que d’auteurs et de genres, rend bien difficile la compréhension des étapes de l’évolution sémantique.