Séance doctorale n° 10 : mercredi 29 novembre 2023

Le laboratoire Logiques de l’Agir a le plaisir de vous convier à la dixième séance doctorale de son séminaire le mercredi 29 novembre 2023 de 18h00 à 20h00, en salle E14 (Grand Salon), entrée par le 18 rue Chifflet, 25000 Besançon.

Interviendront : Pierre Duval (18h) et Marion Farge (19h).

Pierre Duval : Les effets critiques de la connaissance : Bourdieu et l’accusation d’illusion scolastique à l’égard de l’École de Francfort

Résumé

Le grand projet de la Théorie critique au cours du XXe siècle aura été de développer sa propre scientificité. Dès 1931, l’Institut für Sozialforschung cherche à s’emparer des acquis des sciences sociales, afin d’établir un véritable programme de recherche collectif et collaboratif sous la direction de Horkheimer. C’est une aspiration commune à développer les effets critiques de la connaissance qui relie les Francfortois à la sociologie critique de Bourdieu, aspiration que je souhaite présenter dans cette séance de présentation doctorale.

Cette volonté interdisciplinaire est-elle pour autant authentiquement désintéressée, voire parfaitement rigoureuse ? Il s’agira, en mettant en regard les analyses de Bourdieu et les études de l’Institut, de comprendre les rapprochements et dissensions autour des deux traditions, en particulier par le biais de deux concepts : l’objectivation et la réflexivité. Peut-on, en tant que philosophe de métier et d’appartenance, s’approprier le matériau des sciences humaines sans verser dans « l’illusion scolastique », c’est-à-dire dans l’oubli des conditions de production de la connaissance ?

Marion Farge :
Présentation avant soutenance : Deleuze, Guattari et Foucaut critiques de la psychanalyse

Résumé

Cette intervention vise à présenter au laboratoire la démarche et les résultats de ma thèse de doctorat, que je soutiendrai le 12 décembre 2023. Je compare dans cette thèse les critiques que Deleuze, Guattari et Foucault adressent respectivement à la psychanalyse. Mon objectif est de dégager les conditions d’un retournement de ces critiques et de la psychanalyse elle-même sur la contemporanéité « psy » (psychologique, psychiatrique, psychothérapeutique). J’identifie le point commun entre Deleuze, Guattari et Foucault dans le souci qu’ils ont d’intégrer les effets de pouvoir de la psychanalyse à l’opérativité analytique que celle-ci confère à l’inconscient. Ce souci implique, pour ces auteurs, de repenser les fondements mêmes de la critique, ce qui s’effectue néanmoins chez chacun d’eux selon des modalités différentes. À partir d’une étude contextuelle des enjeux théoriques et pratiques de la psychanalyse à la veille des années 1970, je montre d’abord que l’originalité des critiques foucaldienne et guattaro-deleuzienne réside dans leur capacité à situer leur questionnement en deçà de la polarisation entre le sujet de l’inconscient et le pouvoir psychanalytique, afin d’analyser conjointement ces deux aspects. J’expose dans un deuxième temps les effets de jonction entre Deleuze, Guattari et Foucault dans les reproches qu’ils adressent à la psychanalyse, mais aussi ce qui les distingue dans l’analyse positive d’une économie du désir ou du pouvoir généralisable à l’ensemble du champ social. Un troisième moment de mon travail vise enfin à questionner la capacité d’une psychanalyse portée à son « point d’auto-critique » à diagnostiquer une économie sociale et psychique au sein de laquelle son rôle fonctionnel tend à être relayé par d’autres approches « psy ». À partir des pôles critiques de la vie, du sujet et du pouvoir, que les critiques de Deleuze, Guattari et Foucault permettent de redéfinir, je m’attache en particulier à étudier les modes de naturalisation, de subjectivation et de contrôle mis en place par ces approches, ainsi que les voies d’alter-naturalisation, d’alter-subjectivation et de politisation qu’une psychanalyse « auto-critique » pourrait promouvoir.