Transformations sociales, transformations de l’amour
Vincent Bourdeau
RésuméCe cours se propose de mettre en discussion et surtout en chantier deux manières d’analyser les transformations de la société et des rapports entre individus qui la composent à l’époque contemporaine (depuis la révolution industrielle jusqu’à nos jours pour fixer une chronologie) : l’une consiste à regarder ces transformations du côté des structures qui façonnent le social, en particulier les structures économiques selon l’enseignement de Marx et Engels, invitant à concevoir l’évolution de nos sociétés à partir des transformations d’un socle qui a tout à voir avec les modes de production qui caractérisent les sociétés en question – soit les rapports sociaux de production. L’autre invite à penser les transformations du côté d’une histoire des sujets et de leur subjectivité, de la manière dont ces sujets se représentent eux-mêmes et sont amenés dans des formes sociales et culturelles spécifiques à s’appréhender. Les modifications de la subjectivité renvoient dans ce second cas à un devenir des mœurs et de l’intime. Comment croiser l’un et l’autre ? Le peut-on ? Nous partirons d’une histoire contemporaine de cette articulation proposée par Eva Illouz dans Pourquoi l’amour fait mal, pour l’interroger ensuite à partir d’un corpus plus classique, autour de L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat d’Engels et de sa réception dans les premières lectures marxistes féministes, celle d’Alexandra Kollontaï par exemple. Une dernière partie du cours sera consacrée à l’étude de quelques penseurs et textes qui dans le domaine des sciences humaines et sociales récentes ont affronté ces questionnements (P. Bourdieu, M. Wittig, M. Foucault).
Une ou deux séances introductives de ce cours seront animées par Roberto Merrill, professeur invité en janvier 2020. Le cours est en lien avec le projet « Politiques de l’amour : théories et pratiques de l’attachement XVIIIe-XXe siècles » (MSHE Claude-Nicolas Ledoux USR 3124 et Logiques de l’Agir EA 2274).
Bibliographie
– Bourdieu Pierre, La Domination masculine, Paris, Seuil, Points/ Essais, 2014.
– Engels Friedrich, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, Paris, Le Temps des cerises, 2012.
– Foucault Michel, Histoire de la sexualité, en particulier vol. II et vol. III, « L’usage des plaisirs » et « Le souci de soi », Paris, Gallimard/ Tel, 1994.
– Illouz Eva, Pourquoi l’amour fait mal. L’expérience amoureuse dans la modernité, Paris, Seuil/ Point-Essais, 2012.
– Kollontaï Alexandra, La révolution, le féminisme, l’amour et la liberté, Paris, Le Temps des cerises, 2017.
– Kollontaï Alexandra, Marxisme et révolution sexuelle, Paris, La Découverte, 2001.
– Ogien Ruwen, Philosopher ou faire l’amour, Paris, Livre de Poche, 2015.
– Wittig Monique, La Pensée straight, Paris, Amsterdam, 2018.
Par ailleurs on consultera avec utilité : Ph. Ariès, G. Duby (dir.), Histoire de la vie privée, 5 volumes, Paris, Seuil, Points/Histoire, 1999 et 2000 pour le vol. 5 ; Th. Laqueur, La Fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, Paris, Gallimard/ Folio-Essais, 2013.
Une bibliographie complémentaire (comprenant des articles de numéros de revues consacrés à ces thématiques) sera donnée en début de cours.