Les pouvoirs de la parole en Grèce ancienne
CM Arnaud Macé
TD Etienne Ménard et Léo Boiteux
Présentation générale
En première année, les textes en langue étrangère ne sont pas étudiés directement dans le texte original, mais leur lecture en traduction française est accompagnée de la découverte des mots importants dans la langue originale. Aucune connaissance préalable du grec ancien n’est donc requise pour pouvoir suivre ce cours, mais l’apprentissage des termes grecs fait partie de l’évaluation.
Le cours magistral présente le développement de l’art de la parole en Grèce ancienne dans ces différentes formes, poétique et théâtrale, oratoire et politique, savante et philosophique.
Le cours magistral procède d’abord à une présentation des différents lieux dans lesquels des arts spécifiques du discours ont pu s’élaborer en Grèce ancienne :
– la tribune politique où s’exerce la parole du chef, humain ou divin, s’adressant à l’assemblée des hommes ou des dieux, scène qui deviendra celle de l’éloquence judiciaire et politique
– la scène où paraît le devin, le poète inspiré, l’aède, le rhapsode qui par ses histoires enchante les foules ; où évoluent le chœur et les acteurs.
– le cénacle des savants et des disciples où se déploie la parole du savoir et ses effets spécifiques.
On suivra les métamorphoses de ces scènes de paroles, des poèmes de l’époque archaïque aux assemblées démocratiques et du théâtre. Ce cours sera aussi un moyen d’aborder l’étude de la philosophie ancienne dans son contexte d’émergence, comme une forme de parole spécifique, voire, avant cela, comme une forme d’interrogation d’abord apparue au sein d’autres formes de parole, à travers l’intérêt pour les formes de l’argumentation ou pour la connaissance des choses mêmes. L’apparition, dans la poésie même, d’une ambition de dire la connaissance de chaque chose en la replaçant au sein d’une représentation générale de l’univers, n’est peut-être pas étrangère au développement de la philosophie. Des exempliers accompagneront le cours.
Ce cours général (avec A. Macé) met en place le contexte permettant de lire les œuvres qui seront lues en TD avec Etienne Ménard et Léo Boiteux.
Le TD sera le lieu d’une évaluation d’exercices oraux et le CM donnera l’occasion à des contrôles de connaissance en ligne et d’un exercice écrit.
Bibliographie préliminaire
Œuvres anciennes
– Homère, L’Iliade, traduit par Philippe Brunet, Paris, France, Seuil, 2010, 557 p.
– Homère, Odyssée, traduit par Victor Bérard, Paris, Le Livre de Poche, 1974.
– Hésiode, La Théogonie, traduit par Philippe Brunet, Paris, Librairie générale française, 1999, 350 p.
– Eschyle Sophocle et Euripide, Tragiques grecs, Traduit par Victor-Henry Debidour, édité par Paul Demont et Anne Lebeau, Paris, Librairie générale française, 1999.
– Laks, A. et Most, G. W. (éds.), Les débuts de la philosophie, Paris, France, Fayard, 2016, 1674 p.
– Les Sophistes, Écrits complets, sous la direction de Jean-François Pradeau, Paris, Flammarion (GF).
– Lysias Isocrate et Hypéride, Extraits des orateurs attiques, édité par Louis Bodin, Paris, Hachette, 1899.
– Platon, Apologie de Socrate, traduction L. Brisson, introduction et notes par A. Macé, Paris, Flammarion (GF), 2017.
– Platon, Gorgias, suivi de l’Eloge d’Hélène de Gorgias, traduit par Stéphane Marchand et Pierre Ponchon, Paris, Les Belles lettres, 2016, 398 p.
– Platon, Ion, texte établi par L. Ferroni, traduit et commenté par A. Macé, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
– Platon, Ménexène, Traduit par Daniel Loayza, Paris, GF Flammarion, 2005.
– Platon, Phèdre, traduit par Luc Brisson, Paris, GF Flammarion, 2008.
– Aristote, Rhétorique, traduit par Pierre Chiron, Paris, GF Flammarion, 2007.
Études
– Brisson, L. « Les poètes ou le savoir et les valeurs partagés », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 31‑44.
– L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012,
– Brunet, P., La naissance de la littérature dans la Grèce ancienne, Paris, LGF – Livre de Poche, 1997.
– Demont P. et Lebeau A., Introduction au théâtre grec antique, Paris, Librairie générale française, 1996.
– G. Naddaf, « L’ἱστορία (historia) comme genre littéraire dans la pensée grecque archaïque », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 61‑78.
– Noël, M.-P., « Orateurs, logographes et sophistes dans l’Athènes du Ve et du début du IV siècles », in Macé A. (éd.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne. Genèse et structure d’un système de classification, Grenoble, Millon, 2012, p. 301‑340.
– Pernot, L., La rhétorique dans l’Antiquité, Paris, Le Livre de Poche, 2000, 351 p.- Platon, Gorgias, Phèdre, République (tous en édition GF – Flammarion).
– Villacèque, N. et Payen, P., Spectateurs de paroles : délibération démocratique et théâtre à Athènes à l’époque classique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 431 p.
Plan du cours
Introduction. Parole et espace public en Grèce ancienne.
1. La parole et la communauté : savoir et pouvoir
2. Les lieux et les temps de la parole poétique
A. Le contexte rituel des concours, de la lyrique jusqu’au théâtre
B. Un festival pour les rhapsodes : les Panathénées
3. Les lieux et les temps de la parole délibérative
A. Convaincre les groupes : hérauts, rois et orateurs
B. Le procès, lieu d’épanouissement de la rhétorique
Chapitre I. La poésie comme miroir du monde ?
1. Le monde en commun : un art du commentaire encyclopédiqu
2. Le poète cosmographe : les routes du jour et de la nuit dans la poésie archaïque
3. Le schème de la vérité dans la poésie d’Homère à Parménide
Chapitre II. La parole savante : les mondes possibles
1. L’unité des contraires, Héraclite
2. La double langue de Zénon
3. L’unité publique du savoir : Xénophane
Chapitre III : La parole de l’orateur et sa contestation philosophique
1. L’éloquence de Périclès selon Thucydide et l’imitation de Platon (Ménexène)
2. Le discours de défense : Lysias (Apologie d’un citoyen) et Platon (Apologie)
3. Philosophie et rhétorique, La digression du Théétète