La représentation (cours mutualisé avec la préparation à l’agrégation)
Carole Widmaier
Résumé
Ce cours consistera en une analyse serrée du concept de représentation à partir de la tension fondamentale qui l’habite, ou de son équivocité propre : car le terme de représentation désigne à la fois une opération mentale au cours de laquelle l’esprit se rend un objet présent, et le résultat de cette opération. Les questions porteront donc : sur la nature de cette opération, sur la pluralité de ses formes et sur leurs valeurs respectives ; sur la nature du résultat, la pluralité de ses formes et leurs valeurs respectives. Quelles sont les conditions d’une bonne représentation ? Comment établir un critère de jugement, à partir du moment où la nécessité de se représenter une chose suppose que la chose que l’on se représente ne soit pas immédiatement et adéquatement saisie par l’esprit ?
Nous réaliserons un parcours dans l’histoire de la philosophie en nous situant d’abord au sein de l’époque moderne : en tant qu’elle correspond à ce que l’on appelle parfois « l’invention du sujet », elle est le lieu où la compréhension de la représentation, de ses forces et de ses failles, est susceptible de nous conduire à une saisie de la nature de la connaissance et de l’erreur en tant qu’elles impliquent la relation entre sujet et objet. Nous serons alors amenés à questionner les facultés du sujet connaissant et à pénétrer au cœur du problème transcendantal, dans ses déclinaisons kantienne et phénoménologique.
Le détour par la philosophie antique, par l’époque à laquelle la connaissance ne relève pas essentiellement de l’activité productive d’un sujet doué de facultés, mais s’ancre davantage dans la réceptivité, deviendra alors nécessaire, et nous obligera à reprendre le concept de représentation à partir de sa dimension esthétique. Nous pourrons alors nous situer finalement au sein des problématiques actuelles de « crise de la représentation », qui envisagent notamment les défauts de la représentation politique.
La conjonction de l’analyse conceptuelle et de l’approche historique viseront donc, progressivement, à élaborer l’ambivalence de la représentation, ses puissances et ses failles, et à interroger les ontologies sous-jacentes à ses différentes conceptions, dans l’articulation systématique des registres gnoséologique, ontologique, esthétique, social et politique. Car entrer dans la philosophie par la porte de la représentation n’impliquera rien de moins qu’un questionnement fondamental sur la nature de la connaissance, de l’imagination, du sujet et du monde, de la relation entre le corps et l’esprit, et posera la problème crucial de l’horizon de constitution de communs sensés.
Références bibliographiques
– Platon, République, trad. Leroux, GF-Flammarion, 2016
– Aristote, La Poétique, trad. Hardy, Les Belles Lettres, 1979
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– Nicolas Machiavel, Le Prince, Folio Gallimard, 1980
– Thomas Hobbes, Léviathan, Gallimard, « Folio Essais », 2000
– Baruch Spinoza, Éthique, trad. Appuhn, GF-Flammarion, 1993 / trad. Pautrat (édition bilingue), Points Seuil, 2014
– David Hume, Traité de la nature humaine, Flammarion, 1995
– Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, GF-Flammarion, 2012
– John Locke, Deuxième traité du gouvernement, Vrin, 1997
– Montesquieu, De l’esprit des lois, Folio Gallimard, 1995
– Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Fayard, 2010
– Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, PUF Quadrige, 2012
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– Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Principes de la philosophie du droit, PUF, Quadrige, 2013
———————–,Esthétique, trad. Lefebvre, Aubier, 1995
– Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, PUF, Quadrige, 2014
– Friedrich Nietzsche, Naissance de la tragédie, GF-Flammarion, 2015
– Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, Gallimard, 1999
– Henri Bergson, Matière et mémoire, PUF, Quadrige, 2012
– Edmund Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, Gallimard, 1950
———————–, Recherches logiques, PUF, 1959-1963
– Martin Heidegger, Être et temps, Gallimard, 1986