Sciences, techniques, sociétés
Sarah Carvallo
Résumé Ce cours propose une analyse des sciences et des techniques contemporaines pour comprendre ce qu’elles nous révèlent de nous-mêmes et de notre monde, ou à l’inverse ce qu’elles nous dérobent. En quoi la science détermine-t-elle notre rapport au monde ? Quelle vision et pratique du monde véhiculent et renforcent les sciences ? Ce cours développe tout particulièrement la question du commun dans les sciences, en partant de deux représentations standard de la science moderne : la science comme bien commun et l’unité commune de toutes les sciences constituée à partir de l’unité du monde. Après avoir analysé les raisons de cette représentation de la science, le cours présente les critiques d’une conception unifiée de la science et les risques actuels d’une privatisation de la science. Plus largement, le cours cherche à comprendre les sciences et les techniques sans les réduire ni à de pures connaissances ni à une simple utilité pratique, mais en admettant qu’elles possèdent aussi un pouvoir d’interrogation sur notre manière d’habiter le monde, de nous représenter nous-mêmes et d’agir. Elles font évoluer les frontières entre l’humain et le non-humain, l’artificiel et le naturel, le vivant et l’inerte. Elles pratiquent une philosophie implicite et participent à une exploration – voire une constitution – des ontologies et de axiologies, qui organisent notre monde et nos sociétés. Bibliographie indicative – Andler, D., Fagot-Largeault A., Saint Sernin B. : Philosophie des sciences, Gallimard, 2002 – Anderson M. S., Ronning, E. A, De Vries R., Martinson B.C. (2007). The perverse effects of competition on scientists’ work and relationships. Science and Engineering Ethics 13(4), 437–461. – Apel K.-O. (1987). L’éthique à l’âge de la science, trad. R. Lellouche et I. 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