Atelier de Lectures Féministes

Atelier de Lectures Féministes

Présentation

Le féminisme possède, comme tout mouvement politique, de nombreuses ramifications et s’organise autour de débats complexes qui ne cessent d’évoluer. On a coutume de situer les débuts du mouvement féministe entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, avec la revendication par les femmes d’une réforme des institutions et la lutte pour l’acquisition de droits, au premier chef desquels le droit de vote. À cette première vague du féminisme a succédé à partir de la fin des années 1960 une deuxième vague, portée cette fois-ci par la volonté de remettre en cause et de renverser l’ensemble de l’organisation sociale reposant sur la domination masculine. On associe généralement la deuxième vague à la dénonciation de l’oppression qui passe par le contrôle des corps des femmes, et opère dans les sphères « privées » du travail domestique et de la sexualité. Enfin, on assiste à partir des années 1980 à une troisième vague du féminisme, dont les militant·e·s et théoricien·e·s, souvent issues de minorités sexuelles ou ethniques, dénoncent le système binaire de genre (théories queer, théories du genre), et promeuvent l’analyse de l’intersection entre les diverses formes de dominations. L’hétérogénéité et l’étalement dans le temps de ces différents mouvements les rendent parfois difficile à aborder, d’autant que la pensée féministe possède son appareil conceptuel propre. L’Atelier de Lectures Féministes se présente comme un lieu de réflexion et d’échange autour de textes et de questions féministes, afin que chacun·e puisse être en mesure de se les approprier. Il se veut une occasion de déployer à partir de la lecture d’un ou de plusieurs ouvrages les enjeux théoriques et les revendications politiques propres au féminisme.

Un groupe d’enseignant·e·s et d’étudiant·e·s de l’UFR SLHS vous propose donc de découvrir ou de redécouvrir les grandes thèses et ouvrages de la pensée féministe, dans un esprit de mise en commun des savoirs et de répartition égalitaire de la discussion.

Les séances du premier semestre de l’année 2021–2022 seront consacrées à l’arpentage de La Pensée straight de Monique Wittig. L’atelier est mensuel et se déroule en hybride.

Monique Wittig est une figure majeure du mouvement féministe de la seconde moitié du XXe siècle. Elle a participé à la fondation du Mouvement de Libération des Femmes (MLF), du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), et des Féministes Révolutionnaires, et a marqué le champ littéraire avec des œuvres comme L’Oppoponax, Le Corps lesbien, et Les Guérillères. Féministe matérialiste lesbienne, elle est l’une des premières théoriciennes à analyser l’hétérosexualité, non simplement comme une orientation sexuelle, mais comme un régime politique fondé sur l’oppression et l’exploitation des femmes par les hommes. Tandis que le féminisme de la seconde vague s’appuyait sur l’identification à la femme et le point de vue des femmes, La Pensée straight soutient l’abolition de la catégorie de sexe et invite à concevoir le groupe « homme » et le groupe « femme » comme deux classes sociales antagonistes, dont le féminisme vise la suppression. Wittig admet une conception résolument anti-essentialiste du genre, dont l’expression « les lesbiennes ne sont pas des femmes » est emblématique. Les articles regroupés dans La Pensée straight ont alimenté les débats théoriques autour du lesbianisme et du féminisme à partir des années 1970, et ont constitué une référence centrale pour des théoricien·ne·s queer comme Judith Butler.

Les séances se déroulent en deux temps : la présentation d’un ou plusieurs chapitres de l’ouvrage étudié, suivie une discussion.

Contact : claraPOINTchaffardonATuniv-fcomtePOINTfr

Programme des années précédentes :

– 2020-2021 : Angela Davis, Femmes, race, classe, D. Taffin (trad.), Paris, Éditions Des femmes, 2020 (5 séances)

– 2019-2020 : Judith Butler, Trouble dans le genre, C. Kraus (trad.), Paris, La Découverte, 2005 (6 séances)