Axe 3.2.1 – Humains, végétaux et végétatifs


Présentation

Depuis les présocratiques, la médecine et l’épistémologie mobilisent les plantes pour penser des fonctions et des formes vitales dans l’homme en supposant que les humains et les plantes partagent une forme de vie. De fait, les analogies entre le corps humain et le corps végétal ont joué un rôle structurant dans le développement des savoirs ayant la vie ou la santé pour thème. Même si ses contenus ont varié, la catégorie médicale d’état végétatif demeure opérante depuis Hippocrate jusqu’à aujourd’hui : elle manifeste le rôle séminal des plantes dans l’exploration des similarités biologiques et vitales que nous partageons avec elle. En proposant un parcours diachronique, ce sous axe vise premièrement à établir une histoire des analogies végétales en médecine : l’étude des analogies processuelles et morphologiques entre vie humaine et vie végétale montre à quel point l’intérêt porté aux manifestations de la vie a été le vecteur d’une reconnaissance de ce que partage d’identique tous les vivants. Il contribue ainsi à une histoire du naturalisme. Deuxièmement, plus fondamentalement, ces analogies récurrentes traduisent peut-être une unité de la vie sous la diversité de ses formes. Des botanistes (Jean Marie Pelt 1996) ou des philosophes (Hans Jonas, Le phénomène de la vie, 1966) prennent au sérieux cette univocité de la vie végétative en la thématisant comme le phénomène central de toute vie, sous la figure du métabolisme. Pour notre part, nous entreprenons de regarder les plantes non pas comme vectrices d’une expérience de pensée (fondée sur le repérage d’analogies avec les autres vivants), mais comme vivant relativement éloigné de l’homme, et dont il est par conséquent intéressant de voir ce qu’il partage avec lui à travers la distance. Qu’y a-t-il de commun dans les formes de vie végétales et humaines ?  Comment penser les interactions, échanges et reconfigurations entre individus, espèces, écosystèmes ?

L’ontologie de la vie végétative permet ainsi de critiquer les théories du grand partage entre nature et culture, pour montrer, de façon positive, comment trouver des points de rencontre entre plantes et hommes au cœur de la civilisation occidentale naturalisante, et même au cœur des sciences contemporaines. Partageons-nous effectivement une vie commune avec les plantes au sein d’un écosystème ? Si oui sous quelles modalités ou processus ? En quoi la préservation de la vie humaine nous oblige à ressaisir la vie comme un phénomène plus global ? Il s’agit alors d’interroger l’axiologie embarquée par les ontologies et les anthropologies véhiculées par les savoirs médicaux : longtemps valorisée comme la vie à l’état pur, la vie végétative désigne aujourd’hui une forme de sous-vie, comme le prouve la valeur accordée à l’état végétatif chronique dans les grilles d’évaluation de la qualité de vie.

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