Séminaire doctoral « Philosophies sociales, philosophies du sujet »

Séminaire doctoral « Philosophies sociales, philosophies du sujet »

Responsable : Laurent Perreau

Le séminaire doctoral « Philosophies sociales, philosophies du sujet » est consacré à la discussion des travaux de recherche en cours (en particulier ceux des doctorant·e·s, post-doctorant·e·s, et jeunes chercheurs et chercheuses). Il s’interroge sur les liens problématiques entre philosophies du sujet et philosophies sociales, en accordant une attention particulière à la prise en compte des normativités et des pratiques.

Il se déroule en ligne, un lundi par mois, de 17h à 18h30.

Dates prévues pour l’année 2022-2023 : lundis 10/10/22, 7/11/22, 5/12/22, 9/01/23, 6/02/23, 6/03/23, 3/04/23, 15/05/2023

– Lundi 15/05/23 : « Théories et pratiques de l’histoire de la philosophie III : perspectives inédites et alternatives » : Séance animée par Laurent Perreau et Etienne Ménard (“Garber et l’histoire antiquaire de la philosophie”).

– Lundi 3/04/23 : « Théories et pratiques de l’histoire de la philosophie II : la lecture internaliste des oeuvres » : Séance animée par Pierre Duval et Laurent Perreau.

– Lundi 6/03/23 : « Théories et pratiques de l’histoire de la philosophie I : histoire des idées et histoires de la philosophie » : Séance animée par Rares Badescu et Etienne Ménard (“Mythologies et histoires de la philosophie selon Skinner”)

Les trois séances sont consacrées aux problèmes théoriques et pratiques posés par le recours à l’histoire de la philosophie au sein de la recherche doctorale. Les séances se déroulent en mode collaboratif autour de brefs exposés présentant des articles qui développent diverses conceptions de l’histoire de la philosophie. Les textes sont disponibles dans le canal “Doctorants” sur Slack.

– Lundi 6/02/23 : Céline Marty : « L’usage de l’histoire en philosophie : contexte et archives » : Dans certains champs de la philosophie, comme la philosophie politique, la philosophie sociale ou l’écologie politique, les thèses discutées sont étroitement liées à une actualité sociale et politique dont émergent des problèmes spécifiques discutés sur le plan théorique. C’est le cas par exemple de la révolution russe, de la guerre froide, de la décolonisation ou des événements de 1968. Comment intégrer cette dimension historique dans une recherche en philosophie ? Quelle part donner à l’explication du contexte qui donne sens aux pratiques et aux idées qui y sont élaborées, alors même que ce n’est pas un objet classique de la philosophie ? À quelles conditions utiliser la discipline historique, notamment l’histoire politique, sociale et culturelle et l’histoire des idées, ainsi que ses propres méthodes, en intégrant les archives de nos corpus et champs ?

– Lundi 9/01/23 : Laurent Perreau : séance de méthodologie : « Comment préparer la soutenance de la thèse ? » : Cette séance sera l’occasion de faire le point sur les exigences formelles ou implicites de la soutenance de thèse. Nous tenterons de répondre à quelques unes de ces questions : quelles sont les étapes qui y conduisent ? Comment finaliser le tapuscrit de la thèse ? Comment la remettre ? Comment la soutenance se déroule-t-elle ? Comment décrypter les rapports des membres du jury ?

– Lundi 5/12/22 : Alice Vincent : « Système et totalité chez Niklas Luhmann » :
Nous verrons tout d’abord que les systèmes tels que Luhmann les conçoit peuvent être rapprochés des monades leibniziennes : chaque système saisit son environnement et se saisit lui-même selon une perspective qui lui est propre. Nous exposerons ensuite les raisons pour lesquelles, selon Luhmann, les phénomènes sociaux constituent un système qui inclut lui-même différents sous-systèmes. Nous verrons alors que si la théorie des systèmes sociaux est une théorie résolument holiste, elle n’en implique vraisemblablement pas moins une profonde révision du concept de totalité sociale : d’abord parce qu’elle pluralise le concept de totalité (il n’y a plus une totalité mais de multiples totalités) mais également, de manière encore plus radicale, parce qu’elle conteste, par l’intermédiaire du concept de tache aveugle (qui désigne l’impossibilité de voir les conditions de la vision), la possibilité, pour un système social, de parvenir à saisir l’ensemble des phénomènes sociaux. Nous nous demanderons finalement dans quelle mesure le discours de Luhmann surmonte ces obstacles pour proposer une théorie unifiée de la société.

– Lundi 7/11/22 : Pierre Duval : «Les effets critiques de la connaissance : lectures croisées de Pierre Bourdieu et de l’École de Francfort sur l’épistémologie de la critique»: L’une des plus grands ambitions de la Théorie critique au XXe siècle aura été d’établir sa propre scientificité. C’est une aspiration commune à développer les effets critiques de la connaissance qui relie l’École de Francfort, dans son projet interdisciplinaire de développement des acquis des sciences sociales au sein de la philosophie, et la sociologie de Pierre Bourdieu, qui visait précisément à la quête d’autonomie de la science sociale face à l’hégémonie de la philosophie, et donc à asseoir la légitimité de la sociologie considérée comme une discipline à part entière. La thèse à venir, présentée au cours de cette intervention, trouve son objet dans une lecture croisée des perspectives épistémologiques de la critique, afin d’étayer la « scientifisation de la critique » désignée par Paul-Laurent Assoun à propos de l’École de Francfort. La récursivité entre geste critique épistémologique et réflexivité sociale semble placer Bourdieu et les théoriciens de Francfort au cœur d’une même ambition critique : le mot d’ordre de l’École de Francfort, dès les textes programmatiques des années 1930, était constitué par un impératif « d’autoréflexion » supposé contrecarrer la passivité de la théorie traditionnelle, non attentive à son processus d’édification. L’objet central de cette thèse (et de cette intervention préliminaire) sur l’épistémologie de la critique porte sur la manière selon laquelle la sociologie critique peut s’estimer habilitée à énoncer une connaissance du monde social, sans pour autant hypostasier son propre statut d’énonciation au point que son dépositaire en deviendrait un « sociologue roi », et d’indiquer ce que la théorie sociale de l’École de Francfort est susceptible d’apporter à cet édifice. Que peut-on attendre de la confrontation de deux profils épistémologiques aux ambitions comparables mais aux préconisations potentiellement divergentes ? Comment peut-on concilier une épistémologie reconnaissant l’historicité de la connaissance, tout en recherchant la vérité du monde social ?

– Lundi 10/10/22 : Laurent Perreau : « La critique sociologique selon Pierre Bourdieu : de l’objectivation à la réflexivité »

Les séances se déroulent sur Zoom. Le lien pour la séance sur zoom doit être demandé à Laurent Perreau.

Archives 2021-2022 :

Lundi 11 avril 2022 : Séance collaborative : Les aspects formels de la thèses, II :
Nous examinons à nouveau deux thèses en nous intéressant exclusivement aux aspects formels de celles-ci : présentation générale, mise en page, structuration, organisation du propos, annexes, index, bibliographie, table des matières, etc. Il s’agit ainsi de former son regard en adoptant le point de vue du membre du jury de soutenance qui reçoit la thèse. Les thèses seront présentées par Céline Marty (thèse d’Alexis Cukier : http://www.theses.fr/2014PA100148) et Thomas Martin (thèse de Mathieu Pams : http://www.theses.fr/2018PA01H210).

Lundi 7 mars 2022 : Séance collaborative : Les aspects formels de la thèses, I : Nous examinons deux thèses en nous intéressant exclusivement aux aspects formels de celles-ci : présentation générale, mise en page, structuration, organisation du propos, annexes, index, bibliographie, table des matières, etc. Il s’agit ainsi de former son regard en adoptant le point de vue du membre du jury de soutenance qui reçoit la thèse. Les thèses seront présentées par Alice Vincent (thèse de Guillaume Fondu) et Laurent Perreau (thèse de Bernard Passavy).

Lundi 14 février 2022 : Luz Ascarate : « Les voies de la phénoménologie générative » : « Selon Anthony Steinbock, une orientation nouvelle, générative, de la phénoménologie apparaît dans les manuscrits de la Krisis, même si elle n’a pas été explicitée par Husserl. Selon cette nouvelle orientation, nous enquêtons rétrospectivement sur l’origine – mais loin de remonter à la genèse du sens qui est propre à l’orientation génétique de la méthode, nous nous dirigeons vers un originaire dont les tentatives d’explication dépassent les limites de la méthode phénoménologique et traversent diverses générations philosophiques. Une phénoménologie générative concerne donc le mouvement du sens qui s’est constitué à partir de l’interrelation des mondes de la vie géo-historiques, sociaux et normativement significatifs, ainsi que des mondes d’appartenance et des mondes étrangers. Selon Laurent Perreau, dans l’effort d’Anthony Steinbock pour faire de la générativité un thème phénoménologique cohérent, il tend à réduire la nature problématique du concept, qui ne peut être pleinement compris que par rapport à la question du monde commun en tant que monde “pour tous”. Pour Laurent Perreau, l’enjeu d’une phénoménologie de la générativité est de penser l’encastrement particulier du sujet dans une communauté spécifique ; dans la relativité d’une expérience socio-historique.  Il soutient que la phénoménologie de la générativité devrait nous permettre de comprendre que le monde de la vie ne se donne nécessairement à nous qu’à travers un contexte normatif et générationnel qui a toujours ses propres lois, sa normalité particulière, et qui détermine les formations de sens du monde. Pour Alexander Schnell, la générativité n’a rien à voir avec une question qui traverse les générations ni avec des thèmes géo-historiques, culturels et intersubjectifs. Elle se réfère à la déhiscence d’un surplus de sens qui demeure au-delà et en deçà de ce qui est descriptible. Selon lui, cette genèse du surplus est rendue possible par l’imagination, et c’est pourquoi les problèmes génératifs mettent en évidence les processus génético-imaginatifs du sens. Dans cette présentation, nous tenterons de montrer les différentes voies de la méthode générative explorées tant par Husserl que par ses spécialistes, afin de trouver une nouvelle voie qui nous permettra de donner un sens unitaire à la générativité phénoménologique. »

Lundi 17 janvier 2022 : Théodora Domenech : « Le problème de l’historicité chez Max Scheler : entre relativisme historique et téléologie » : «  Dans le Formalisme en éthique, Scheler entend prouver qu’une connaissance fondée sur des vécus personnels singuliers est possible. Dans ce contexte, il oppose le sujet logique, « je », jugé abstrait parce que substituable, au sujet de connaissance axiologique, la personne. Les principes de l’éthique matériale schelerienne requièrent cependant l’existence de lois a priori de l’affectivité, auxquelles les actes personnels se conforment de façon immanente. Ces lois valent donc pour toute personne quelle qu’elle soit. En quoi réside dès lors le caractère « concret » des actes personnels de connaissance axiologique ? L’alternative semble indépassable : ou bien ces actes sont « concrets » et insubstituables, ou bien ils répondent à des lois « a priori ». La pensée de Scheler est souvent construite autour de telles antinomies. L’élément instable est ici le statut qu’il accorde à l’histoire empirique des actes personnels, autant à l’échelle socio-culturelle qu’individuelle. Scheler conçoit en effet des « contenus culturels a priori » ainsi que des « contenus personnels a priori ». Je montrerai qu’en fonction des contextes, la position qu’il adopte relève ou bien d’un relativisme historique ou bien d’une téléologie. Je m’appuierai pour cela sur la généalogie qu’il propose du concept de personne dans l’histoire de la pensée théologique et philosophique, et sur le statut qu’il accorde à l’histoire individuelle dans sa définition de la singularité de l’essence personnelle.  »

Lundi 13 décembre 2021 : Thomas Martin : « La morale de l’homme absurde dans l’œuvre d’Albert Camus » : «  Je présenterai ma thèse, “la morale de l’homme absurde dans l’œuvre d’Albert Camus”, en trois points : Je partirai de l’apparente contradiction qu’il y a dans le fait de rédiger une thèse de philosophie sur Camus, lui qui a toujours refuser le titre de philosophe ; je mettrai en évidence les limites d’une tentative de reconstitution de son œuvre qui serait seulement analytique, dialectique ou conceptuelle, puisque ces approches ne permettent pas de rendre compte de la radicalité du problème éthique naissant de la reconnaissance de l’absurde. Je présenterai ensuite ce problème éthique en m’appuyant sur le passage, dans Le Mythe de Sisyphe, du « raisonnement absurde » aux valeurs qui gouvernent l’existence de « l’homme absurde ». J’essaierai enfin de distinguer deux types de causalité entre le discours philosophique et la conduite de la vie : d’une part la causalité illégitime que Camus critique, « nihiliste » puisqu’elle s’oppose à la vie, et d’autre part une cohérence existentielle légitime, celle que Camus recherche implicitement, qui implique paradoxalement de mettre la philosophie à distance. »

Lundi 15 novembre 2021 : Michaël Crevoisier : « Modifications du transcendantal » :   «Mon intervention consistera en deux temps : un premier lors duquel je vous présenterai mon travail de thèse, désormais achevé, un second prenant la forme d’un retour d’expérience sur les difficultés propres à la fin du travail de thèse. Concernant le premier point, présenté rapidement, le travail que j’ai mené porte sur les modifications du concept kantien de transcendantal selon trois voies, relatives à trois corpus : la sociologie (Durkheim), la phénoménologie (Husserl et Sartre) et l’ontogenèse (Simondon). Le but est d’apprécier les variations du sens kantien du transcendantal, compris comme détermination des conditions a priori de possibilité de la connaissance, à partir des perspectives méthodologiques caractéristiques de ces voies. L’enjeu est de suivre ces variations en situant l’analyse à la limite du cadre problématique kantien, afin d’observer et de cartographier à la fois les prolongements de ce problème dans la philosophie contemporaine et ses voies de sortie. Je mettrai l’accent d’une part sur les difficultés méthodologiques que pose une telle exploration et d’autre part sur les résultats que j’en ai tirés. »

Lundi 11 octobre 2021 : Rares Badescu : « Günther Anders : philosophie du décalage »: « Cette séance a pour vocation d’exposer le projet d’une thèse tout juste débutée et intitulée “Günther Anders : philosophie du décalage”. En prenant acte du fait qu’Anders refuse de parler de systématicité au sujet de son œuvre, nous souhaitons proposer et mettre à l’épreuve un principe de lecture qui en restitue la cohérence. Pour ce faire, nous prendrons pour fil directeur le concept de décalage, qui, par sa position centrale dans l’anthropologie philosophique d’Anders, détermine tout le fonctionnement de la pensée. Nous chercherons alors à le déployer dans ses dimensions ontologique, psychologique et pratique. »