Présentation générale de l’axe 3

Axe 3 – Pratiques scientifiques et techniques :

humanités médicales, environnementales et numériques

 

Présentation générale

Cet axe analyse la façon dont les rationalités scientifiques et techniques structurent nos pratiques en matière d’intelligence, de santé et d’environnement. Notre hypothèse de travail consiste à poser qu’il y a une performativité des pratiques par l’épistémologie des savoirs, qui les justifient et les configurent. Cette performativité se construit à travers une histoire longue qui permet de mettre au jour la façon dont les sciences font culture et déterminent une ontogenèse des objets et de nos anthropologies. En effet, à chaque époque et sur une durée longue, les pratiques scientifiques techniques font advenir de nouvelles réalités (idées, raisonnements, objets, machines, modes relationnels, réseaux, crises et problèmes, expériences vécues, modes de vie, déchets, etc.) qui s’imposent progressivement comme une seconde nature et déterminent notre ontologie historique, c’est-à-dire ce que nous sommes à un moment donné à la fois dans nos dispositions existentielles, cognitives, politiques et morales. En d’autres termes, l’épistémologie embarquée par nos sciences et techniques détermine notre humanité du triple point de vue cognitif, politique, éthique. Comprendre ces enjeux requiert une épistémologie historique capable de repérer les concepts, méthodes et rationalités qui nous structurent nous-mêmes.

Avant d’envisager les problèmes éthiques ou sociaux des applications, il convient alors de comprendre ces rationalités impliquées par les sciences et techniques. Elles sont multiples (démonstration, expérimentation, observation, statistique, génétique, simulation…). Elles s’inscrivent dans des histoires internes aux disciplines scientifiques et au développement technologique. Elles expriment notre engagement collectif, qui creuse le sillon de notre histoire humaine collective, dans la mesure où les sciences et les techniques nous font accéder à de nouvelles réalités autrefois à peine imaginées par la science-fiction et désormais banales : l’expérience du temps, la transformation des distances, la délégation de fonctions essentielles aux machines, la non-adéquation entre ce que nous savons et ce que nos sens continuent à nous présenter, les transformations du vivant, notre attitude devant la mort, la maladie et le risque, notre rapport aux plantes, les déséquilibres écosystémiques… Bachelard nomme phénoménotechnique cette effectivité scientifique qui construit de nouveaux phénomènes dans lesquels nous nous installons, mais qui demeurent souvent impensés.

Les humanités médicales, environnementales et numériques désignent trois champs d’application privilégiées par nos enquêtes