Séminaire doctoral « Savoirs et pratiques en Grèce ancienne »

Séminaire doctoral « Savoirs et pratiques en Grèce ancienne »

 

Responsable : Arnaud Macé

Le séminaire est consacré à la présentation et à la discussion de travaux en cours, tout particulièrement ceux des doctorantes et doctorants ; on y reçoit aussi des chercheuses et des chercheurs qui viennent présenter et discuter une publication récente. Le format est court (une présentation de 20-25 minutes, suivie d’une discussion de 35-40 minutes) : il est adéquat à la présentation d’un résultat, d’une question ou d’un problème précis, à partir duquel la perspective d’une recherche peut être partagée. Le séminaire a lieu en visioconférence, un mardi par mois de 12h30 à 13h30.

Le séminaire accueille tout particulièrement les contributions consacrées à l’intérêt que les anciens Grecs ont manifesté pour la pluralité des pratiques qui fourmillaient dans leurs sociétés, pratiques religieuses, rituelles, “artistiques”, gymnastiques, sexuelles, politiques, techniques, savantes  (médicales, astronomiques, botaniques, etc.), agricoles, militaires ; à la multiplicité des concepts qu’ils ont forgé pour étudier ces pratiques : praxeis (pratiques, activités), tekhnai (pratiques techniques, savantes, arts), epitêdeumata (occupations, conduites),  ethê (habitudes), ethismata (usages), nomima (coutumes), homiliai (fréquentations), etc.

À travers cette diversité des pratiques, on cherche aussi la manière dont les anciens Grecs se sont donnés des représentations du social : une des hypothèses qui animent les travaux du séminaire est en effet que c’est à travers leurs manières de penser les pratiques – ce qu’elles sont, la manière dont elles se rapportent les unes aux autres, la manière dont elles affectent celles et ceux qui en sont les agents ou les patients – que les anciens Grecs se sont formés les idées qu’ils se sont faites de la société comme totalité produite et organisée par le tissu des pratiques. Ce sont les pratiques qui « font société » et les manières dont on conçoit la société découlent de la manière dont on ordonne les pratiques en certaines configurations. Peut-on ordonner et classifier ces configurations ? Une hypothèse de travail consiste à les regrouper en deux grandes espèces.

  • Versant épistémologique. Les pensées de la Grèce ancienne, tout particulièrement celles qui accompagnent les développement des arts et techniques, manifestent une propension à mettre en valeur la dimension du savoir au sein de l’action. Savoir ce que l’on fait, savoir quel geste doit être fait est une manière de donner consistance aux actions, leur reconnaître une identité, une structure qui est aussi le fondement de leur régularité. L’ontologie des pratiques reposent sur la reconnaissance de la part de savoir qu’elles contiennent toutes et ainsi les pratiques techniques deviennent le modèle pour penser toute pratique. Or c’est en suivant cette pente que les Anciens ont fait paraître le social comme division et organisation du travail et posé les questions de la philosophie politique en terme de hiérarchisation des pratiques et de recherche des formes de savoirs nécessaires au gouvernement des cités.
  • Versant affectif ou choral. Les Anciens manifestent aussi un intérêt pour les pratiques en tant qu’elles nourrissent un ensemble des gestes partagés, de fréquentations, de temps sociaux, et, à travers cela, favorisent la diffusion des sentiments et des idées, ouvrent une dimension au sein de laquelle toutes et tous s’entre-affectent les uns les autres, selon des rythmes et des échelles de proximité à chaque fois divers. Un autre visage du social naît alors sous la forme d’une réalité au sein de laquelle il est impossible d’échapper à la co-affection. Sur ce versant, les questions politiques qui surgissent sont celles de savoir si une cité est possible sans communauté des affections et comment de telles communautés peuvent être nourries, instituées, préservées. Pour certains penseurs, ces questions ramènent aux précédentes, lorsqu’ils imaginent que c’est une certaine forme de savoir qui est susceptible de régler le partage des affections et lui donner des formes durables, le savoir dont il s’agit pouvant prendre des formes différentes de celui que l’on imagine susceptible d’organiser la division du travail.

Combien de versants possède une société ? Se représenter la cité comme société, et, inversement, donner à la société la forme politique qui lui convient, cela suppose-t-il de savoir articuler ces différents versants ? L’étude des différentes pratiques tentera de garder en tête la question de savoir comment la façon dont une pratique est pensée permet d’envisager son emboîtement avec d’autres pratiques et sa manière de contribuer à « faire société » avec celles-ci.

Programme et historique des séances du séminaire