Le laboratoire Logiques de l’Agir a le plaisir de vous convier à la huitième séance des séminaires du semestre d’automne 2018. Elle aura lieu le mercredi 7 novembre à 18h00 à l’UFR SLHS de l’Université de Franche-Comté en salle E14 (Grand Salon), entrée par le 18 rue Chifflet, 25000 Besançon.
Stefania Ferrando, UBFC et EHESS-LIER (ANR Remous), présentera une conférence intitulée :
La liberté par les marges, féminisme et socialisme
Résumé
L’articulation entre nature et société est l’un des enjeux politiques et théoriques majeurs des mouvements féministes depuis deux siècles. Par l’introduction du concept de « genre », la plupart des débats théoriques actuels semblent procéder à une déliaison de ces deux pôles, au profit d’opérations de « dénaturalisation » dévoilant le caractère social et historique, voire même arbitraire, de ce que l’on considère comme naturel. Plus que tout autre lieu critique alors, le féminisme semblerait réaffirmer l’opposition entre nature et société, en en faisant son levier d’émancipation.
On peut toutefois poser la question de savoir si la liberté et l’égalité des femmes obligent à se tenir à une telle opposition ou si celle-ci ne constitue pas au contraire une entrave à la compréhension de l’histoire du féminisme ainsi que de la portée de ses projets – passés ou actuels – d’émancipation.
On reviendra ainsi à l’un des premiers mouvements féministes européens – les femmes saint-simoniennes de la revue La femme libre – afin de montrer d’autres manières de poser la question de la nature au sein du féminisme. Il ne s’agit pas par-là de retrouver la nature sous la forme d’identités genrées et sexuelles, mais de comprendre comment la matérialité des corps et des expériences peut compter dans l’élaboration d’un projet féministe, socialiste et démocratique de société. En recherchant des formes d’organisation capables de faire vivre et de développer la liberté des femmes, les saint-simoniennes sont en effet amenées à concevoir un rapport entre nature et société qui questionne et transforme le savoir de la société, la physiologie et le socialisme. A partir de cette généalogie et en dialogue avec les travaux de Geneviève Fraisse, Joan Scott et Silvia Federici, on cherchera ainsi à comprendre comment un tel questionnement a donné lieu à une conception inouïe des pratiques de liberté.