Y4HPH3U3 (2024-2025) : Métaphysiques – Grandes controverses, L2, S3 (E. Santune)

La transcendance

La transcendance consiste en un passage d’un sujet au-delà de l’expérience commune vers un objet radicalement séparé. Le champ de la métaphysique, en tant qu’il comprend ce qui excède la physique, fournit les objets par excellence de la transcendance : Dieu, l’âme, le monde, si on suit la détermination qu’en donne Kant dans la Critique de la raison pure. Par leur supériorité, ils permettraient à l’être humain de surpasser les limites de la nature et le marqueraient ainsi d’une certaine illimitation. Cependant, cette même caractéristique métaphysique pose le problème de leur accessibilité tant théorique que pratique pour un sujet humain, jetant en retour le doute sur la réalité de tels objets, et ce faisant sur la possibilité d’une véritable transcendance. Elle pourrait n’être qu’une illusion et la marque de la finitude de l’être humain, qui, impuissant et ignorant, prendrait ses désirs d’au-delà pour la réalité. Ainsi, la transcendance fait problème en raison de la nature métaphysique de ses conditions. Nous nous interrogerons alors dans ce cours sur le sens de la transcendance, c’est-à-dire sur les objets qui l’orientent, son statut (s’agit-il d’une réalité, d’une illusion, ou encore d’un idéal) et sa raison d’être. Pour cela, nous suivrons un parcours dans l’histoire de la philosophie, en nous concentrant notamment sur la transcendance de l’âme raisonnable vers l’intelligible dans les dialogues de Platon (notamment dans la République, le Phédon, le Phèdre et le Banquet), la relativisation dans les Pensées de Pascal d’un tel accès intellectuel (avec les thèmes de l’impuissance de la raison et du Dieu caché) et son dépassement par la foi, et la critique de la raison conduite par Kant dans la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique pour délimiter le champ de sa transcendance. Des textes choisis seront distribués et étudiés en classe pour guider la lecture autonome de ces différentes œuvres.