Action collective

Le Laboratoire  Logiques de l’agir (EA 2274) se donne pour objet l’analyse réflexive des problèmes auxquels sont confrontées les théories contemporaines de l’action, ainsi que les solutions qu’elles explorent, ceci aussi bien dans le champ de la philosophie sociale et politique, que dans celui des sciences économiques et juridiques et de la sociologie. Cette recherche est menée dans une double perspective, celle de la philosophie politique et sociale d’une part, celle de l’épistémologie, et plus particulièrement des mathématiques sociales, de l’autre. Il s’agit, dans les deux cas, d’interroger la pertinence des formes et des modèles de rationalité pratique et de normativité permettant à la fois de préparer conceptuellement et de déployer effectivement les actions collectives. Notre recherche vise donc à étudier de manière critique les conditions aussi bien théoriques que pratiques d’une maîtrise rationnelle de l’action collective et les obstacles qu’elle doit affronter.

AXE 1. ÉPISTÉMOLOGIE PRATIQUE

Par épistémologie pratique, nous entendons l’application à l’action collective d’une interrogation sur le statut, la fécondité et les limites de connaissances prenant l’action collective pour objet. Il ne s’agit donc pas de penser l’action à partir de normes sociales, politiques ou éthiques, mais en tant qu’elle est à la fois la source et le produit d’une activité de connaissance. Les recherches développées dans ce premier axe se déploieront dans trois directions. D’une part, seront analysées les conditions théoriques et idéologiques de la mathématisation de l’action collective dans sa contribution à la constitution des sciences sociales. D’autre part, profitant des ressources du Centre de documentation et bibliographie philosophiques (CDBP), c’est à la fois la construction effective de l’information documentaire dans le champ philosophique, couplée à une réflexion théorique sur cette pratique et une analyse théorique du lien entre la production intellectuelle et ses conditions techniques de réalisation qui seront interrogées. Enfin, une troisième direction de recherche vise à comprendre comment la pratique, qu’elle soit langagière, technique ou scientifique, a contribué à l’émergence de la pensée philosophique d’un côté, des sciences sociales de l’autre. Cette troisième dimension sera explorée dans une orientation résolument interdisciplinaire.

AXE 2. HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES PRATIQUES COLLECTIVES AU XIXE SIÈCLE (1770-1930)

En continuité avec les recherches précédentes sur la philosophie sociale et politique des XIXe et XXe siècles, nous chercherons dans cet axe à interroger la dimension pratique des réflexions scientifiques, sociales, politiques d’un spectre large de penseurs, savants, militants, qui comprend tous ceux que l’on peut ranger sous l’étiquette « socialismes » tel que nous avons défini ce terme dans nos recherches antérieures, à savoir ceux qui cherchent à fonder une science du lien en société. Par dimension pratique, nous comprenons la manière dont les savoirs se matérialisent dans des institutions, des objets d’enregistrement et de diffusion des savoirs comme des dispositifs et des collectifs savants, des objets tels les encyclopédies, les dictionnaires, les revues ou journaux, mais encore des expériences collectives telles les associations de production ou des communautés d’existence qui réalisent des théories. Cette attention renouvelée à la philosophie des pratiques se donnera deux exigences supplémentaires : 1° élargir le cadre géographique d’analyse, au-delà des seules frontières de la France donc ; 2° élargir en amont les bornes chronologiques de notre étude, en remontant jusqu’à la période pré-révolutionnaire et le milieu du XVIIIe siècle, pour mieux saisir les changements propres au XIXe siècle, et en incluant dans notre étude historique en aval la période de crise sociale, politique et morale qui précède la Seconde Guerre mondiale. Deux sous-axes principaux structureront notre travail : 1° Philosophie des pratiques collectives et 2° Philosophie des pratiques savantes.

AXE 3. PHILOSOPHIE DES PRATIQUES CONTEMPORAINES

Cet axe porte sur les pratiques contemporaines – en particulier dans les champs de l’éthique médicale et environnementale – qui soulèvent des défis théoriques et exigent de repenser les formes de l’action collective, conduisant à affiner les concepts, à tester les doctrines, mais aussi à examiner sous un nouveau jour les textes de la tradition philosophique qui peuvent nous éclairer. Il se décompose en trois sous-axes relevant de l’éthique médicale et environnementale : – Écologie et transformations de la démocratie : éthique des vertus et responsabilité collective – L’habitation de la terre et la cohabitation avec les autres vivants – Décision et concertation en éthique médicale La réflexion sur ce qui nous permet de dépasser les dualismes nature-culture, raison-affects, esprit-corps constitue le fil directeur de ces recherches.