Enseignements (S. Carvallo)

Enseignements à l’Université de Franche-Comté

2018-2019

L2 – Épistémologie

Semestre 1. L’épistémologie traite de la nature, des conditions et de la méthode de la connaissance scientifique. Dans un premier temps, il faut interroger l’identité même des sciences sous deux angles. Y a-t-il une spécificité des connaissances scientifiques vis-à-vis des autres types de connaissances ? Si oui, laquelle ? Et comment intégrer leur évolution historique, alors qu’elle se charge parfois de réfuter des connaissances qui semblaient vraies ou certaines ? L’histoire des sciences est-elle alors marquée par un régime particulier de tri du rationnel et de l’irrationnel, ou par la succession de théories incommensurables, qui annulent l’idée de progrès ?

À partir des premiers résultats de l’enquête sur les sciences, il s’agit de ressaisir les théories de la causalité et de l’explication logiques mises en œuvre dans les différents champs de la connaissance à différentes périodes : comment penser la déraisonnable efficacité des mathématiques et de la logique ? Sont-elles des preuves d’un accès privilégié à la réalité, ou à l’objectivité ? Garantissent-elles le statut de vérité de la connaissance scientifique ? Qu’est-ce qu’une preuve scientifique ?

Pour chaque thème, des études de cas historiques sont proposées pour des exposés d’étudiants et sont reprises par l’enseignante.

Ce cours ne traite pas de l’épistémologie des sciences humaines.

Semestre 2. Ce cours d’épistémologie traite plus précisément des rapports entre science et réalité. Dans un premier temps, il analyse les thèses réaliste, conventionnaliste, empiriste ou constructiviste, et la nécessité de l’abstraction dans la connaissance. La science moderne s’est construite autour d’un geste réductionniste, qui a profondément renouvelé les critères de la connaissance scientifique et notre vision du monde.

Ce premier temps conduit ainsi à envisager la science comme un langage : soit sous la figure d’une caractéristique universelle, ars combinatoria, ou au contraire d’un langage particulier parmi d’autres. À cet égard, il faut analyser plus précisément le statut des concepts et des lois scientifiques, ainsi que l’importance de la notation. L’importance du langage dans la connaissance scientifique amène alors l’idée d’une pluralité de styles de raisonnement scientifique qui caractérisent des disciplines, des périodes et des formes de rationalité.

Face à cette approche de la science caractéristique du tournant linguistique s’est développée une autre méthode d’analyse des rapports entre science et réalité à partir des effets pragmatiques de la science et des gestes réellement opérés en science. Cette nouvelle approche amène à reconsidérer les rapports entre sciences et techniques, mais aussi à considérer la manière dont on fait la science.

Pour chaque thème, des études de cas historiques sont proposées pour des exposés d’étudiants et sont repris par l’enseignant.

L3 – Philosophie des sciences

Semestre 1. Le cours analyse les figures de la raison mobilisées par la connaissance scientifique pour allier une formation en philosophie des sciences et la préparation à l’épreuve orale sur les Méditations métaphysiques de Descartes. Cette enquête interroge ainsi la nature particulière de la connaissance métaphysique, sous ses deux grands aspects, une description révélant les structures de notre conception naïve de la réalité et une mise au jour de la structure fondamentale de la réalité, qui trouve sa pierre de touche dans son accord avec les sciences. C’est cette deuxième voie qu’explore Descartes dans le cadre général de l’arbre des connaissances, qui situe la métaphysique à la fois comme fondement et comme commencement. D’où le besoin d’une métaphysique pour savoir pourquoi et comment nos connaissances particulières sont effectivement des connaissances. Il ne s’agit pas alors de produire un catalogue de visions de monde, mais de comprendre ce que connaître veut dire et en quoi ce geste de la connaissance se trouve impliqué dans les savoirs scientifiques. Nous approfondirons en particulier le rôle fondateur de la métaphysique pour toute connaissance possible selon Descartes, qui a particulièrement insisté sur l’articulation entre métaphysique et physique.

Semestre 2. Ce cours examine le statut de la connaissance scientifique et les critères de rationalité qu’elle met en œuvre à partir de sa détermination moderne, puis de ses critiques. Dans un premier temps, il s’agit de comprendre comment la modernité s’est construite et a défini des critères de rationalité à partir des sciences. Dès la Querelle des Anciens et des Modernes, les savants ont réclamé une refonte ou une révolution du savoir, au nom de la raison, introduisant ainsi une tension entre les critères antiques et les critères modernes. En attribuant à la seule raison la source de la légitimité, ils ont réfuté l’argument d’autorité et construit un projet humaniste tourné vers l’avenir et déterminé en termes de progrès. Ce moment moderne de la raison reste néanmoins marqué par l’ambition d’universalité et une conception rationaliste de l’humanité.

Un second moment examine les critiques de cette logique de la modernité et du rationalisme qui la structure. Ces critiques allient un soupçon envers l’occident, une déconstruction des relations entre savoir et pouvoir et une relecture post-moderne des sciences pour éventuellement dire « adieu à la raison ».

Face aux nouvelles versions contemporaines du scepticisme et du relativisme, plusieurs approches essaient néanmoins de ressaisir l’évolution de la rationalité scientifique, soit à partir de modèles évolutionnistes ou « révolutionnaires », soit en introduisant la légitimité et la fécondité d’un pluralisme scientifique à l’œuvre dans les différents styles de raisonnement.

Des exposés et notes de synthèse sont proposés aux élèves dans la perspective d’une initiation à la recherche.

M2 – Sciences et société

Le cours s’articule en 2 temps :

  • un cours magistral
  • des exposés d’étudiants à partir de références fournies et une reprise.

Les sciences et les techniques ne se réduisent ni à de pures connaissances ni à une simple utilité pratique ; elles possèdent aussi un pouvoir d’interrogation sur notre manière d’habiter le monde, de nous représenter nous-mêmes et d’agir. Elles font évoluer les frontières entre l’humain et le non-humain, l’artificiel et le naturel, le vivant et l’inerte. Elles pratiquent une philosophie implicite et participent à une exploration – voire une constitution – des ontologies et des axiologies ; qui organisent notre monde et nos sociétés.

À travers une réflexion sur les sciences et les techniques, leur histoire et des études de cas, il s’agit de comprendre ce qu’elles nous révèlent de nous-mêmes et de notre monde, ou à l’inverse ce qu’elles nous dérobent, la vision du monde qu’elles véhiculent et renforcent, mais aussi ce que les controverses scientifiques et sociotechniques nous apprennent des problèmes philosophiques et anthropologiques qu’elles cristallisent.