Penser avec les plantes : Aliènor Bertrand, mercredi 24 octobre 2018

Le laboratoire Logiques de l’Agir a le plaisir de vous convier à la septième séance des séminaires du semestre d’automne 2018. Elle aura lieu le mercredi 24 octobre à 18h00 à l’UFR SLHS de l’Université de Franche-Comté en salle E14 (Grand Salon), entrée par le 18 rue Chifflet, 25000 Besançon.

Aliènor Bertrand, Chargée de recherche CNRS (UMR 5815 – Dynamiques du droit), présentera une conférence intitulée :

Penser avec les plantes : tensions épistémologiques, nouveau modèle juridique, ou contradictions ontologiques ? 

Résumé

Penser « avec » les plantes est l’une des injonctions les plus communes suscitées par la crise écologique. Elle se nourrit volontiers de la révolution botanique contemporaine accordant des capacités cognitives aux végétaux. Sous le nom d’ « animisme juridique », Marie-Angèle Hermitte propose ainsi de se servir des bouleversements de la botanique pour renouveler les arguments défendant l’octroi de la qualité de sujet aux plantes. Mais à quelles conditions une mutation dans les sciences de la vie pourrait-elle contribuer à transformer nos pratiques de la nature, soit créer une nouvelle manière d’agir et de penser « avec » les plantes ?

Cette communication aura pour visée de réinscrire la proposition théorique de l’ « animisme juridique » dans l’histoire longue de la régulation de nos relations aux plantes par le droit. Elle examinera les dispositifs de triage à partir desquels les sciences et les savoirs du végétal ont été intégrés ou pas aux lois et aux dispositifs réglementaires, et analysera la forme par laquelle ils l’ont été. Par l’analyse de deux exemples, ceux du hêtre et de l’olivier, elle retracera les liens du droit des plantes avec l’organisation des rapports de production. Ce faisant, elle montrera les contradictions majeures liant ensemble les oppositions de classe à des régimes anthropologiques où les plantes jouent des rôles opposés : les plantes n’ont pas toujours été, -et ne deviennent – des biens qu’à la mesure du pouvoir de ceux qui s’approprient le sol sur lequel elles poussent. Quelles leçons un projet émancipateur peut-il dès lors tirer d’une telle histoire de l’ontologie végétale, celle-ci ne pouvant être dite qu’au pluriel, au fil des basculements et des contradictions des modes humains de relations avec les plantes ?