Résumé de la conférence d’Alexis Anne-Braun

Le diagramme est-il une image abstraite ?

Alexis Anne-Braun (AHP-PReST UMR 7117, Université de Lorraine & Université de Strasbourg)

Résumé

Dans Langages de l’Art, Nelson Goodman propose un classement inédit de nos systèmes de représentation: les partitions, les scripts, les esquisses. Chacun de ces types obéit, ou contrevient, à plusieurs réquisits syntaxiques et sémantiques. Les images et les diagrammes sont des esquisses, car ils fonctionnent à partir d’une syntaxe dense de renvoi entre marques, caractères et denotata. Dans une esquisse, les caractères qui composent le symbole ne sont ni suffisamment différenciés, ni suffisamment articulés. La représentation fonctionne alors de manière analogique. Il n’en va, bien sûr, pas ainsi lorsque nous utilisons les caractères d’un alphabet pour produire une signification. Les représentations picturales et les représentations diagrammatiques sont des esquisses: ce sont des signes graphiques non verbaux. Si nous cherchons maintenant une discrimination plus fine, il nous faut trouver un critère de distinction interne aux systèmes analogiques. Qu’est-ce qui distingue entre eux les diagrammes, des images ? Alors que les images sont relativement saturées, et que les marques graphiques qui les composent peuvent se mettre, toutes, à jouer une fonction symbolique, il n’en va pas ainsi des diagrammes qui sont conçus et interprétés de telle sorte à ce que le nombre de leurs propriétés, qui jouent une fonction symbolique, soit justement réduit au maximum. Quand bien même ils auraient la même apparence, nous ne lisons pas un diagramme boursier comme nous regardons un dessin d’Hokusai. Le diagramme est plus simple, plus schématique et plus cognitivement dirigé que l’image. D’ailleurs, nous n’utilisons pas les diagrammes et les images de la même façon. En revenant sur la théorie de la dépiction et des systèmes représentationnels de Nelson Goodman, j’essayerai d’exposer les avantages respectifs des diagrammes et des images. Je m’appuierai pour ce faire sur le langage isotypique développé par Otto Neurath dans le cadre de l’élaboration d’une statistique visuelle.