Résumé de la conférence de Carole Widmaier

De la distinction entre zoè et bios : quelle portée pour penser la « fin de vie » ?

Carole Widmaier (Logiques de l’Agir, UFC)

Résumé

Dans The Human Condition, Arendt, contre une confusion des termes qu’elle juge spécifique à la modernité, réhabilite la distinction, dont elle trouve la source chez Aristote, entre la zoè, vie biologique ou « vie nue », selon la belle formule d’Agamben, que nous aurions en commun avec les animaux, et la bios, vie proprement humaine. Cette distinction à la fois fonde et valide la grande tripartition arendtienne des activités entre le travail, l’œuvre et l’action, et contribue à faire de la philosophie d’Arendt une philosophie des temporalités : au sein du temps cyclique de la zoè, qui est aussi le temps de la nature, vient s’inscrire le temps linéaire de la bios, qui est aussi le temps du monde. Nous proposons, à partir d’un travail sur le sens de cette distinction et la portée de sa redécouverte, à partir également des critiques dont son aspect dichotomique et anthropocentriste peut faire légitimement l’objet, d’envisager sa pertinence et ses limites pour une appréhension de ce que l’on appelle, souvent avec confusion là aussi, la « fin de vie », dans ses dimensions existentielle, éthique et politique.