Résumé de la conférence de Martin Dumont

Que pourrait être un soin de la fin de vie ?

Martin Dumont (EUR Translitterae, ENS Paris)

Résumé

Il s’agira ici de tenter de cerner la spécificité de ce que pourrait être un soin de la « fin de vie ». C’est-à-dire un soin qui n’abandonne pas l’idée qu’un soin est encore possible, et nécessaire, quand plus rien ne peut être fait ; et cela alors qu’il ne s’agit plus de chercher à guérir, comme dans le soin face à l’affection aiguë, ni même de contenir (F. Worms) comme dans le soin de la maladie chronique. Quel soin spécifique peut convoquer la situation de « fin de vie », c’est-à-dire celle dans laquelle le temps est réellement compté, dans une forme de certitude de l’imminence de la mort ? – qui diffère de notre situation quotidienne de nous savoir mortels, mais où l’incertitude voile largement cette réalité. Il y a encore à faire pour que le patient puisse être « vivant jusqu’à la mort » (P. Ricoeur). On aura alors, ce qui est décisif, un soin en fin de vie : c’est là la racine de l’émergence des soins palliatifs. Mais peut-on envisager, ou est-ce un scandale, qu’il y ait un soin de la fin de vie, c’est-à-dire du fait que pour le patient il s’agit de vivre ses derniers instants ? Inversement, n’est-ce pas aussi scandaleux si le soin détourne pudiquement le regard de cet élément crucial de la situation du patient ? Peut-il le prendre en compte ou cela excède-t-il ses puissances ? On cherchera à proposer des éléments d’une phénoménologie de la fin de vie qui puisse poser dans toute leur ampleur les tensions qui traversent ce soin.

Bibliographie indicative

Platon, Phédon ; Montaigne, Essais ; Soljenitsyne, Le pavillon des cancéreux ; Tolstoï, La mort d’Ivan Illitch ; Philippe Jaccottet, L’ignorant (in A la lumière d’hiver) ; F. Worms, Le moment du soin.