VHP2U1 (2022-2023) Histoire de la philosophie 1, L1, S2 (R. Badescu)

La perception
Rares Badescu

Résumé 

À la frontière entre la philosophie et la psychologie et au voisinage de la sensation, la perception est un terme très polysémique, dont le sens varie selon les auteurs, les langues et les époques. Malgré ses nombreux sens, cette notion occupe une place éminente en philosophie, puisqu’elle constitue le point de départ de la théorie de la connaissance, tout en permettant de penser les rapports métaphysiques que l’homme entretient avec le monde. Si l’on part d’une définition minimale de la sensation comme processus psycho-physique par lequel, à partir d’une excitation extérieure, une information parvient à la conscience d’un sujet en se dotant de certaines qualités, la perception désigne la composition et l’organisation de ces sensations préalablement données. Selon les modalités de cette organisation, deux problèmes majeurs surgissent. Le premier porte sur le type d’opération à l’œuvre : si la perception est une pure réception d’informations venues de l’extérieur par l’entremise des organes des sens, il faut expliquer l’élaboration de toutes nos connaissances à partir de l’expérience sensible ; tandis que si elle renvoie à une activité de constitution subjective, il reste à déterminer comment elle peut s’appliquer à un donné qui lui est hétérogène. Le second problème concerne la notion connexe d’imperceptible, qui apparaît à la fois comme un défaut interne et propre à la perception, et comme sa condition de possibilité la plus fondamentale : certains degrés perceptifs sont à peine perceptibles, mais leur existence est néanmoins indispensable à toute perception. Nous traiterons ces deux problèmes dans une perspective historique, en nous appuyant sur des extraits de textes classiques.

Bibliographie indicative

  • Platon, Théétète 184b-187a ; trad. M. Narcy, Paris, GF, 1994, p. 227-235.
  • Aristote, De l’âme, Livre II, chap. 5-6, 12, Livre III, chap. 1-8 ; trad. R. Bodéüs, Paris, GF, 1993, p. 180-188, 222-225, 229-278.
  • Long et D. Sedley, Les philosophies hellénistiques II : Les stoïciens, sections 39-40, 53 ; trad. J. Brunschwig et P. Pellegrin, Paris, GF, 2001, p. 174-210, 335-357.
  • Descartes, Méditations métaphysiques, objections et réponses, Méditation deuxième, Méditation sixième ; trad. J.-M. et M. Beyssade, Paris, GF, 2011, p. 70-93, 174-213.
  • Locke, Essai sur l’entendement humain, Livre II, chap. 1-3, 5-11 ; trad. J.-M. Vienne, Paris, Vrin, 2001, p. 163-193, 203-264.
  • Kant, Critique de la raison pure, Analytique des concepts, Analytique des principes ; trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris, PUF, 2012, p. 86-250.
  • Koffka, Principles of Gestalt psychology, chap. I ; London, Kegan Paul, 1935, p. 3-23.
  • Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique, Livre I, Section II, chap. II ; trad. J-F. Lavigne, Paris, Gallimard, 2018, p. 93-142.
  • Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Deuxième Partie, Le sentir ; Paris, Gallimard, 1985, p. 235-280.