VHP4U2 (2021-2022) : Logique 2, L2, S4 (F. Ferri)


Étrange logique et logique de l’étrange : introduction à la pensée diagrammatique

Fabien Ferri

 

Résumé

On peut distinguer trois grands types d’approches en philosophie :

– la philosophie du commentaire, qui enrichit la compréhension des textes de la tradition de connaissances historiques ;

– la philosophie de l’argument, qui appréhende les discours philosophiques par une méthode analytique indépendamment de toute considération historique ;

– la philosophie du problème, qui enrichit la pensée à l’issue de l’analyse contrainte d’un objet qui résiste et qui par cette résistance, guide le questionnement philosophique et le cheminement d’une activité de recherche.

Depuis Aristote, la logique a toujours eu pour objet le mécanisme interne de l’inférence : à quelles conditions une proposition peut-elle être tenue pour vraie ? Qu’est-ce qu’une preuve ? Jusqu’au 19e siècle, la logique étudiait le mécanisme de l’inférence à partir d’une analyse du raisonnement tel qu’il s’élabore à travers le discours. À la fin du 19e siècle, elle a commencé à se mathématiser. Or au cours du 20e siècle, le couplage d’une conception logiciste de la connaissance à une conception calculatoire de la logique a ouvert la voie à une nouvelle approche de celle-ci, qu’on peut qualifier d’informatique. Une preuve informatique est une solution à un problème à laquelle on peut parvenir de façon effective grâce à l’exécution d’une méthode de calcul qu’on peut rédiger dans un langage de programmation (algorithme). Par conséquent, toute preuve n’est pas un algorithme dans la mesure où certaines solutions à des problèmes ne sont pas accessibles par voie computationnelle. Quelle est alors la nature d’un tel type de preuve ? Qu’est-ce qu’une preuve inaccessible par voie calculatoire ? Ce cours examinera cette énigme, à travers l’analyse d’objets nouveaux, les diagrammes, qui relèvent d’une logique étrange, la logique diagrammatique, irréductible à la logique calculatoire de l’informatique et à la logique discursive des énoncés linguistiques, mais inséparable d’elles, et avec lesquelles elle entretient un dialogue constant.