I.Le cours doit s’acheminer à partir de trois notions centrales : l’art, le beau, les sens (sensibilité et affectivité ; émotion-sensation-sentiment). Celles-ci seront interrogées d’après les quatre problématiques ci-après.
Ces problématisations visent une mise en perspective des trois notions centrales, qui seront donc abordées d’un point de vue à la fois synchronique (i.e. par l’étude de pensées spécifiques et pour elles-mêmes – sur ce point, les auteurs donnés ci-après seront étudiés à partir de ces problématisations) et diachronique (i.e. dans la considération des différents moments que l’Histoire manifeste, au sein du champ de la philosophie, dans la perception de l’art).
- Nature-essence de l’art. Signification, classification, définition de l’art. Une ontologie de l’art
- Autonomie et hétéronomie de l’art
- Le beau et les beaux-arts. L’art et l’esthétique : le jugement
- Paradigme classique et paradigme critique de l’esthétique
- La création artistique. Poïétique, intention et inconscient. Le faire, le savoir-faire et la morale
- Du désir à l’imagination, du savoir-faire au génie
- Esthétique et société. L’art et le réel. Les conditions et les situations d’existence – le jugement
- Du travail de l’art au milieu social qui le génère – le rapport à l’autre
II. Voici des Auteurs essentiels pour une 1ère année (autant que faire se peut, nous donnons les éditions de référence), avec le thème à partir duquel il s’agit de les aborder :
Platon – L’imitation [μίμησις]. L’art, le beau et la Vérité- Ion – Hippias Majeur – Phèdre – Le Banquet – La République (l’ensemble aux éd. GF Flammarion, trad. de Monique Canto, Jean-François Pradeau, Luc Brisson, Georges Leroux)
- Aristote – L’imitation. Art et plaisir. Au-delà du beau
- Poétique – Rhétorique (éd. GF Flammarion, trad. de Pierre Destrée et Pierre Chiron)
- Saint Augustin, Boèce et saint Thomas d’Aquin – L’œuvre de Dieu, de la nature, de l’Homme
- Les Confessions – La musique (en Œuvres, I, éd. Gallimard, coll. Pléiade, trad. de Patrice Cambronne et Jean-Louis Dumas)
- Traité de la musique (éd. Brepols, trad. de Christian Meyer)
– La Consolation de Philosophie (éd. Le Livre de poche, coll. Lettres gothiques, trad. de Eric Vanpeteghem)
- Somme théologique (éd. du Cerf)
- Descartes – Raison, passions et art. L’Homme référent
- Méditations métaphysiques (Tome IV, 2 vol., en Œuvres complètes, éd. Gallimard, coll. tel) – Les Passions de l’âme (éd. F. Alquié, Œuvres philosophiques, Tome III, Classiques Garnier)
– Abrégé de musique (Tome I, en Œuvres complètes)
- Kant – Une théorie de l’art pur
- Critique de la faculté de juger (éd. GF Flammarion, trad. de Alain Renaut)
- Hegel – Détermination et destin (Bestimmung) de l’art
- Esthétique (éd. Le Livre de poche – 2 vol., trad. revue et augmentée par Benoît Timmermans et Paolo Zaccaria.)
- Nietzsche – L’artiste, l’expression, l’imagination. Au-delà du beau
- La Naissance de la Tragédie (soit éd. Le Livre de poche, trad. de Patrick Wotling ; soit éd. Gallimard, coll. folio essais, trad. de Michel Haar, Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy)
- Heidegger – Art et vérité
- « L’origine de l’œuvre d’art », en Chemins qui ne mènent nulle part (éd. Gallimard, coll. tel, trad. de Wolfgang Brokmeier, revue et corrigée par Jean Beaufret, François Fédier et François Vezin)
- Merleau-Ponty – L’intention en art, et le monde
- L’œil et l’esprit (éd. Gallimard, coll. folio essais)
- Benjamin – L’expérience esthétique. L’art, la technique et l’artifice
- « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité [technique] » (version de 1935 et de 1939), en Œuvres III (éd. Gallimard, coll. folio essais, trad. de Maurice de Gandillac et Rainer Rochlitz)
- Danto et Goodman – Le potentiel herméneutique de l’art ; l’art et le symbole
- La Transfiguration du banal : une philosophie de l’art (éd. Seuil, coll. Points, trad. de Claude Hary-Schaeffer)
- Langage de l’art (éd. Fayard, coll. Pluriel, trad. de Jacques Morizot)
- Deux recueils de textes indispensables :
- Esthétique. Connaissance, art et expérience, éd. Vrin, coll. Textes clés (dir. Daniel Cohn et Guiseppe Di Liberti) – des auteurs « classiques »
- Esthétique contemporaine. Art, représentation et fiction, éd. Vrin, coll. Textes clés (dir. Jean-Pierre Cometti, Jacques Morizot et Roger Pouivet)
III. Pour une première approche des textes (LE travail essentiel des études en philosophie), nous vous conseillons de commencer avec l’un des (ou les) auteurs suivants (mais ceci n’est qu’un conseil ; libre à vous de faire un autre choix) :
- Platon – le Ion (il questionne le statut du poète) et l’Hippias Majeur (une première réflexion sur la question du beau chez cet auteur immense) ;
- Hegel – Esthétique (un texte vaste et facile d’un auteur par ailleurs difficile, et qui permet une entrée à la fois réflexive et informée dans notre sujet) ;
- Merleau-Ponty – L’œil et l’esprit (une réflexion sur l’expérience artistique) ;
Ne lisez jamais une œuvre sans prendre des notes : il faut faire des fiches de lecture, et aussi précises que possibles – ce doit être la base de votre culture philosophique, qu’il s’agit donc de se forger.
De même, ces lectures ne doivent pas s’enfermer dans un « savoir », mais être réflexives : il est nécessaire de repérer les problèmes aborder et de questionner les thèses des auteurs, et par-là d’essayer de vous déterminez…
Enfin, plongez-vous au sein de ces lectures sans a priori ni préjugé ; lisez-les comme une proposition de réflexion, en n’oubliant pas ce fait important : ne pas comprendre est bien le début du questionnement qui doit mener à la clarification (c’est le travail de raison). Donc, ne pas se décourager, mais au contraire se laisser stimuler par le dialogue que le livre « vous propose », parce que vous le voulez bien… C’est le propre de l’exercice de conversion existentielle en philosophie.