Le laboratoire Logiques de l’Agir a le plaisir de vous convier à la cinquième séance doctorale de son séminaire le mercredi 17 mars 2021 de 18h00 à 20h00. Cette séance sera accessible en visioconférence sur demande en écrivant à arnaud[point]mace[at]univ-fcomte[point]fr
Interviendront : Tristan Bonnier, Clara Chaffardon et Ariel Guillet.
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Tristan Bonnier : L’angle facial du peuple et le crâne du poète. Comment Victor Hugo découvre-t-il la question sociale ?
Résumé
Victor Hugo voit mourir, en 1828, Ymbert Galloix, poète suicidé ; en 1832, Claude Gueux, assassin exécuté — entre 1832 et 1834, il écrit deux essais sur l’un et l’autre. L’auteur dépeint un poète et un criminel, dont il s’agit de savoir, pour l’un, s’il est réellement doué, pour l’autre, s’il est réellement coupable. Dans les deux cas, ses impressions se rejoignent : « voilà ce que Paris, la cité intelligente, a fait d’une intelligence », dit-il de Galloix ; « c’était une belle tête, on va voir ce que la société en a fait », dit-il de Gueux. Ainsi Hugo prend prétexte de dénoncer la fin du mécénat et la crise du système pénal, dans le prolongement de son esthétique nouvelle et de son engagement politique récent ; pourtant, ce niveau d’analyse ne suffit pas à saisir l’enjeu de tels écrits. Galloix, symbole de la jeunesse provinciale, pose la question du génie mal employé ; c’est la pensée généreuse qui étouffe. Gueux, symbole du misérable, pose la question du peuple mal éduqué ; c’est le cœur impétueux qui explose. Or les conclusions se rejoignent dans l’analogie entre le cerveau du poète et la prison du criminel : « Pas d’issue pour le génie pris dans le cerveau ; pas d’issue pour l’homme pris sous la société. » (cf. Ymbert Galloix) — « Mais le sort le met dans une société si mal faite qu’il finit par voler ; la société le met dans une prison si mal faite qu’il finit par tuer. » (cf. Claude Gueux) Enfin, les deux textes s’achèvent sur une diatribe contre les gouvernants, accusés de négliger les apories de la société industrielle. Mais, nous allons tâcher de le montrer, derrière ces portraits et ces harangues, il y a une charge contre la critique littéraire de l’époque. Hugo se pose en polémiste, furieux qu’on lui reproche de « pathétiser » le problème des classes sociales.
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Clara Chaffardon : Les usages féministes et queer de la phénoménologie : reprises, détournements et critiques
Résumé
Mon intervention vise à explorer un ensemble de textes de philosophie féministe, qui ont en commun de discuter la méthode phénoménologique. Je m’intéresserai à la critique par les féministes et les théoriciennes queer de cette méthode, mais aussi aux différentes manières dont elles emploient la réduction et la description phénoménologiques comme des outils de subjectivation et de déconstruction. Je montrerai que ces détournements de la phénoménologie n’ont pas seulement vocation à restituer un ensemble de vécus auparavant ignorés, mais constituent une reformulation originale des enjeux et des méthodes propres à ce courant de pensée.
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Ariel Guillet : Quels concepts pour une économie historique ? Weber et la polémique Bücher-Meyer
Résumé
Penser l’économie en son historicité radicale : telle a été la prétention de l’École Historique Allemande, illustrée tout particulièrement, au tournant du siècle, par la théorie bücherienne des stades économiques. On s’intéressera ici à sa réception critique chez Max Weber, en s’appuyant essentiellement sur les textes à caractère méthodologique et épistémologique publiés au début du XXe siècle. On s’attachera à montrer que ces écrits peuvent être compris comme une réflexion sur les conditions de possibilité d’une science économique résolument historique, en tant que ces dernières doivent nécessairement affecter la « construction de concept » (Begriffsbildung) et modifier le sens voire la nature de toute théorie en sciences de la culture. Il sera ainsi possible d’en tirer quelques réflexions critiques sur la forme que devrait prendre toute étude de l’économie à travers l’histoire, par-delà les structures spécifiques du capitalisme moderne.
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