L’image. Vertus et vertiges.
Julien Pasteur
Résumé
La tradition philosophique entretient avec l’image une relation tumultueuse dont témoignerait un large corpus d’auteurs, de textes, de doctrines. Ainsi la défiance supposée de Platon aux poètes et aux peintres, aux séditions du sensible, aux mirages des sophistes ; ainsi les tromperies du malin génie cartésien ; ainsi les avertissements de Saint-Augustin et des premiers chrétiens à l’égard des spectacles, du théâtre où les images détournent l’âme d’elle-même quand elles ne la souillent pas.
En reprenant, dans un premier temps, les éléments de cette critique de l’image – et de la faculté qui, spécifiquement, lui est jointe, l’imagination -, on voudrait cependant en interroger l’envers. Adossée à une ontologie de la représentation, l’image semble rivée à ce régime du visible qu’on appelle le double. Aussi parfaite soit-elle, aussi proche du réel qu’elle apparaisse, elle le manque toujours d’un degré, menaçant de nous perdre dans la confusion des ordres, du « miraginaire » de Lacan. Bref : vertiges de l’image.
Mais n’y a-t-il pas en elle, et à partir d’un examen fécond de ses propres contradictions, l’enjeu d’un pouvoir décisif ? Si elle reproduit le sensible, n’est-elle pas également le moyen de s’en défaire, de s’en évader ? En acceptant de faire de l’image non une dégradation du réel, mais une modalité de son enrichissement, naît une philosophie de l’invention – vertus de l’image. De Montaigne à Pascal et Hume, de Bachelard à Benjamin, ce cours en proposera quelques itinéraires en s’appuyant sur des exemples tirés de la peinture, de la littérature ou du cinéma.
Une bibliographie sera donnée lors du premier cours.