Les pouvoirs de la parole et la naissance de la philosophie en Grèce ancienne
Présentation générale
N. B. En première année, les textes en langue étrangère ne sont pas étudiés directement dans le texte original, mais leur lecture en traduction française est accompagnée de la découverte des mots importants dans la langue originale. Aucune connaissance préalable du grec ancien n’est donc requise pour pouvoir suivre ce cours, mais l’apprentissage des termes grecs fait partie de l’évaluation.
Le cours magistral présente le développement de la philosophie dans le contexte d’émergence d’un art de la parole en Grèce ancienne dans ces différentes formes, poétique et théâtrale, oratoire et politique, savante et technique. On y mettra en place les lieux de parole :
– la tribune politique où s’exerce la parole du chef, humain ou divin, s’adressant à l’assemblée des hommes ou des dieux, scène qui deviendra celle de l’éloquence judiciaire et politique
– la scène où paraît le devin, le poète inspiré, l’aède, le rhapsode qui par ses histoires enchante les foules ; la scène du théâtre où évoluent le chœur et les acteurs.
– le cénacle des savants et des disciples – qu’ils soient médecins, “sophistes”, astronomes, philosophes – où se déploie la parole du savoir et ses effets spécifiques.
Nous parcourrons les métamorphoses de ces scènes de paroles, des poèmes de l’époque archaïque aux assemblées démocratiques et au théâtre. Ce cours sera aussi un moyen d’aborder l’étude de la philosophie ancienne dans son contexte d’émergence, comme une forme de parole spécifique, voire, avant cela, comme une forme d’interrogation d’abord apparue au sein d’autres formes de parole, à travers l’intérêt pour les formes de l’argumentation ou pour la connaissance des choses mêmes. L’apparition, dans la poésie même, d’une ambition de dire la connaissance de chaque chose en la replaçant au sein d’une représentation générale de l’univers, n’est peut-être pas étrangère au développement de la philosophie. Replacée dans ce contexte, la philosophie apparaît comme une parole qui entreprend de dialoguer avec la diversité des paroles qui animent la cité. Trouvera-t-elle le lieu d’où l’on puisse ainsi parler à tous sans être emporté par le fracas des paroles qui s’affrontent, s’ignorent, se récusent ? Ce cours général (avec A. Macé) met en place le contexte permettant de lire les œuvres qui seront lues en TD avec Etienne Ménard et Léo Boiteux.
Modalité d’évaluation : le cours fera l’objet de contrôle de connaissances réguliers et d’un exercice écrit ; les séances de TD permettront à chacun-e de faire une exercice oral
Bibliographie préliminaire
Oeuvres anciennes.
Homère, L’Iliade, traduit par Philippe Brunet, Paris, France, Seuil, 2010, 557 p.
Homère, Odyssée, traduit par Victor Bérard, Paris, Le Livre de Poche, 1974.
Hésiode, La Théogonie, traduit par Philippe Brunet, Paris, Librairie générale française, 1999, 350 p.
Brisson, L. Macé, A. et Pradeau, J.-F. (éds.), Les Éléates Fragments des œuvres de Parménide, Zénon et Mélissos, Paris, Les Belles Lettres, 2022.
Laks, A. et Most, G. W. (éds.), Les débuts de la philosophie, Paris, France, Fayard, 2016, 1674 p.
Les Sophistes, Écrits complets, sous la direction de Jean-François Pradeau, Paris, Flammarion (GF).
Eschyle Sophocle et Euripide, Tragiques grecs, Traduit par Victor-Henry Debidour, édité par Paul Demont et Anne Lebeau, Paris, Librairie générale française, 1999.
Lysias Isocrate et Hypéride, Extraits des orateurs attiques, édité par Louis Bodin, Paris, Hachette, 1899.
Platon, Apologie de Socrate, traduction L. Brisson, introduction et notes par A. Macé, Paris, Flammarion (GF), 2017.
Platon, Gorgias, suivi de l’Eloge d’Hélène de Gorgias, traduit par Stéphane Marchand et Pierre Ponchon, Paris, Les Belles lettres, 2016, 398 p.
Platon, Ion, texte établi par L. Ferroni, traduit et commenté par A. Macé, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
Platon, Ménexène, Traduit par Daniel Loayza, Paris, GF Flammarion, 2005.
Platon, Phèdre, traduit par Luc Brisson, Paris, GF Flammarion, 2008.
Aristote, Rhétorique, traduit par Pierre Chiron, Paris, GF Flammarion, 2007.
Études
Brisson, L. « Les poètes ou le savoir et les valeurs partagés », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 31‑44.
Brisson, L., Macé A. et Therme, A.-L., (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012,
Brunet, P., La naissance de la littérature dans la Grèce ancienne, Paris, LGF – Livre de Poche, 1997.
Demont P. et Lebeau A., Introduction au théâtre grec antique, Paris, Librairie générale française, 1996.
Judet de La Combe, P., Les tragédies grecques sont-elles tragiques ? théâtre et théorie, Montrouge, Bayard, 2010, 334 p.
Naddaf, G. « L’ἱστορία (historia) comme genre littéraire dans la pensée grecque archaïque », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 61‑78.
Noël, M.-P., « Orateurs, logographes et sophistes dans l’Athènes du Ve et du début du IV siècles », in Macé A. (éd.), Choses privées et chose publique en Grèce ancienne. Genèse et structure d’un système de classification, Grenoble, Millon, 2012, p. 301‑340.
Pernot, L., La rhétorique dans l’Antiquité, Paris, Le Livre de Poche, 2000, 351 p.- Platon, Gorgias, Phèdre, République (tous en édition GF – Flammarion).
Villacèque, N. et Payen, P., Spectateurs de paroles : délibération démocratique et théâtre à Athènes à l’époque classique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 431 p.
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