VPH9U2 (2017-2018) : Épistémologie des sciences sociales, M2, S9 (V. Bourdeau)

Épistémologie des sciences sociales

Transformations du travail et émergence des sciences sociales

“Travail – Techniques- Production” [cours Agrégation]

Vincent Bourdeau

Les séances 1 et 2 sont assurées par A. Macé

Les séances 11 et 12 sont assurées par L. Perreau

Résumé

Ce cours de Master 2 « Philosophie des pratiques » s’inscrit dans l’UE «Épistémologie des sciences sociales». Mutualisé avec la préparation à l’agrégation de philosophie (dont l’épreuve sur question porte cette année sur « Travail – Techniques – Production »), ce cours envisagera de comprendre le statut des sciences sociales au moment de leur émergence entre la fin du XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle dans leurs relations aux transformations du travail pendant la période. Il s’agira de comprendre les sciences sociales comme le produit conjoint des révolutions politiques et industrielles à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Cette approche est une bonne façon de ressaisir l’articulation des concepts mis en relation par la question de l’agrégation : « Travail – Techniques – Production ». L’ordre d’apparition de ces différents concepts dans l’intitulé de la question au programme (travail, techniques, production) peut en effet, du moins sera-ce l’hypothèse de travail que nous poursuivrons, être compris comme un mouvement par lequel les sociétés humaines ont vu le travail se transformer sous l’effet de l’introduction d’une dimension spécifique du travail : la ou les techniques (ce que l’on appelait au XIXe siècle « les machines »). Cette introduction a contribué à transformer le travail alors catégorisé à nouveaux frais sous le terme de production, impliquant pour les cités ou peuples qu’ils soient désormais compris sous la catégorie de société. Les sciences sociales, dans cette perspective, peuvent être vues comme l’outil forgé dans la période qui accompagne les révolutions industrielles (avec un rythme qui connaît un décalage entre l’Angleterre, la France, l’Allemagne, les États-Unis et d’autres pays du monde) pour comprendre le devenir humain sous l’effet de ces transformations. Une telle lecture pourrait sembler laisser dans l’ombre une dimension importante – anthropologique – de la saisie de ces concepts : N’y a-t-il de technique(s) que dans le monde moderne ? Et dans ce cas, pourquoi le pluriel indiqué dans le triptyque ? En réalité ces questions font partie du problème même que nous chercherons à clarifier puisqu’à leur naissance, les sciences sociales – en particulier l’économie politique smithienne – se sont débattues avec les premiers « anthropologues », voyageurs, missionnaires, scientifiques qui cherchaient à catégoriser les sociétés européennes et extra-européennes précisément à travers leurs rapports à l’organisation matérielle de leur existence et en particulier leurs rapports au phénomène du travail. Aussi notre parcours comportera-t-il trois temps : 1. L’invention de la société du travail au XVIIIe siècle ; 2. La question des machines au XIXe siècle et la question sociale ; 3. De la division à l’organisation du travail : institutionnalisation de la science sociale.

Bibliographie

Sources philosophiques

– BABBAGE, Charles, Traité sur l’économie des machines et des manufactures, Paris, Bachelier, 1833.

– BLANC, Louis, Organisation du travail, 5e édition, 1847.DURKHEIM, Émile, De la division du travail social, PUF/ Quadrige, 1998.

– FERGUSON, Adam, Essai sur l’histoire de la société civile, [Traduction de Bergier révisée par Claude Gautier], Paris, PUF, 1992, en particulier Chapitre IV.

– HEGEL, Principes de la philosophie du droit [Traduction J.-F. Kervégan], Paris, PUF/ Quadrige, 2013.

– LE MERCIER DE LA RIVIÈRE, Pierre-Paul, L’ordre naturel et essentiel des sociétés politiques [texte revu par Francine Markovits], Paris, Fayard/ Corpus, 2001.

– LEROI-GOURHAN, André, Le geste et la parole, T. I et T. II, Paris, Albin Michel, 1998.

– LEROI-GOURHAN, André, Évolution et techniques, T. I et II, Paris, Albin Michel, 1971.

– MARX, Karl, Théories sur la plus-value (Livre IV du « Capital »), Tome I, chapitre IV « Théories sur le travail productif et le travail improductif », Paris, Éditions sociales, 1974.

– MARX, Karl,  Philosophie, Folio/ Gallimard, 1997 [Notamment : Manuscrits parisiens, 1844, Le Manifeste Communiste, Thèses sur Feuerbach, Critique de l’économie politique].

– MAUSS, Marcel, Techniques, technologie et civilisation, Paris, PUF/ Quadrige, 2012.

– SAINT-SIMON, Claude-Henri, Œuvres complètes, sous la direction de J. Grange, P. Musso, Ph. Regnier et F. Yonnet, Paris, PUF, 2012.

– SIEYÈS, Emmanuel-Joseph, Qu’est-ce que le tiers-état ?, Paris, Flammarion/ Champs, 2009.

– SIMONDON, Gilbert, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 2012.

– SMITH, Adam, Enquête sur la nature et les causes de la Richesse des Nations, Paris, GF-Flammarion, Tome I et II, 1999.

Littérature secondaire

Philosophie et anthropologie du travail

– SCHWARTZ, Yves, Expérience et connaissance du travail, Paris, Les Éditions Sociales, 2012.

– SÉRIS, Jean-Pierre, Qu’est-ce que la division du travail ? Ferguson, Paris, Vrin, 2002.

– TESTART, Alain, L’amazone et la cuisinière : anthropologie de la division sexuelle du travail, Paris, Gallimard, 2014.

– VATIN, François, Le Travail. Economie et physique. 1780-1830, Paris, PUF/ Philosophies, 1993.

Histoire sociale et intellectuelle du travail

– BERG, Maxine, The machinery question and the making of political economy (1815-1848), Cambridge, Cambridge University Press, 1982.

– BOURDEAU, Vincent, JARRIGE, François & VINCENT, Julien, Les luddites. Bris de machines, économie politique et histoire, Maisons-Alfort, éditionsn è®e, 2006.

– CASTEL, Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Folio/Essais, 2016.

– COHEN, Yves, Organiser à l’aube du taylorisme. La pratique d’Ernest Mattern chez Peugeot, 1906-1919, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 2001. [En particulier l’introduction].

– JONES,  Gareth Stedman., Languages of class. Studies in English working-class history 1832-1982, Cambridge, Cambridge University Press, 1983, en particulier, chap. 1: “Class struggle and the Industrial Revolution”.

– SEWELL, William H., Gens de métier et révolutions. Le langage du travail de l’Ancien régime à 1848, Paris, Aubier-Montaigne, 1983.

– THOMPSON, Edward Palmer, Temps, discipline du travail et capitalisme industriel, Paris, La Fabrique, 2004.

– THOMPSON, Edward Palmer, La formation de la classe ouvrière anglaise, Paris, Seuil/ Points, 2012.

 *8 séances : Sem. 39, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 47.