Introduction à la philosophie ancienne
Arnaud Macé (CM) et Lora Mariat (TD)
Résumé
D’où vient la philosophie ? Pourquoi, parmi les formes de discours et de pratiques connues en Grèce ancienne, en est-on venu à en distinguer certaines en les associant à ce mot de « philosophie », signifiant l’amour du savoir ? L’hypothèse qui anime le présent cours est que la philosophie tient son origine d’une passion de connaître les choses qui s’est manifestée en Grèce dans la poésie archaïque d’Homère et d’Hésiode. Le désir de la science, au sens de la connaissance véritable de la nature des choses, est la forme primitive de la « philosophie » et l’origine de son développement.
Au moment où la « philosophie » s’élabore et s’affirme progressivement comme discipline singulière, l’effort de délimitation de ce qu’elle est (sa méthode, ses objets, ses postures, etc.) s’accompagne de l’édification de bornes destinées à marquer sa différence voire son opposition avec ce qu’elle n’est pas. Parmi ces « autres » dont la philosophie tente de se démarquer, l’ensemble des auteurs rassemblés sous le terme de « sophistes » est sans doute le plus célèbre, du fait de la charge violente que Platon a formulé à leur égard dans ses dialogues.
Le CM parcourt les grandes étapes de l’histoire de la philosophie, tandis que le TD empruntera les chemins de traverse de la sophistique.En CM, nous commencerons donc par voir le désir de savoir s’épanouir dans la poésie archaïque et nous verrons les premiers « philosophes » présocratiques poursuivre cette entreprise sans manquer de tenter d’en tirer profit sur le terrain social et politique. Nous étudierons ensuite les grands systèmes présocratiques de l’époque archaïque : Parménide, son école, et l’atomisme qui en en quelque sorte l’héritier, Anaxagore et Empédocle. On abordera les systèmes de l’époque classique, ceux de Platon et d’Aristote, en essayant de comprendre comment ils critiquent et prolongent le type d’enquête promu par les présocratiques. On présentera enfin dans la même perspective les thèses de l’école stoïcienne. Il apparaîtra ainsi que la philosophie ancienne s’est développée en préservant et nourrissant le désir de connaître la nature des choses qui était déjà à l’origine de la poésie archaïque.
En TD, nous nous interrogerons cette scission apparemment évidente entre ce qui relèverait de la philosophie comme discipline close et clairement circonscrite et ce qui en constituerait la marge ou le simulacre. Pour ce faire, nous étudierons certaines thèses sophistiques entrant en dialogue (explicite ou non) avec celles des auteurs présentés dans le CM, de manière à en souligner la profondeur et la radicalité philosophique.
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Bibliographie
Semaines 3 et 4 : de la poésie à la philosophie – la science des choses
– L. Brisson, et G. Journée, « Introduction à la lecture des présocratiques », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 9‑29.
– L. Brisson, « Les poètes ou le savoir et les valeurs partagés », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 31‑44.
– G. Naddaf, « L’ἱστορία (historia) comme genre littéraire dans la pensée grecque archaïque », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 61‑78.
Semaine 5 et 6 : Parménide et l’atomisme
– D. O’Brien, « Parménide », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 129‑148.
– D. O’Brien, Études sur Parménide. Tome I, Le Poème de Parménide, éd. par P. Aubenque, Paris, J. Vrin, 1987.
– C. Taylor, « Démocrite », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 195‑215.
– P.-M. Morel, Atome et nécessité : Démocrite, Epicure, Lucrèce, Paris, Presses universitaires de France, 2000.
Semaine 7 et 9 : Anaxagore et Empédocle
– A. Macé, et A.-L. Therme, « Anaxagore », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 149‑166.
– A. Macé, et A.-L. Therme, « Anaxagore et Homère : trier les moutons, trier les hommes, trier l’univers », in M.-L. Desclos et F. Fronterotta (éds.), La sagesse présocratique: Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes, Paris, Armand Colin, 2013, p. 235‑261.
– A.-L. Therme, « Empédocle », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 167‑181.
Semaine 10-11 : Platon
– Luc Brisson, et F. Fronterotta, (éds.), Lire Platon, Presses Universitaires de France, Paris, 2006.
– A. Macé, L’Atelier de l’invisible, apprendre à philosopher avec Platon, Paris, Ere, 2010.
Semaine 12-13 : Aristote
– M. Crubellier, et P. Pellegrin, Aristote: le philosophe et les savoirs, Paris, Éd. du Seuil, 2002.
– P.-M. Morel, Aristote: une philosophie de l’activité, Paris, GF-Flammarion, 2003.
Semaine 14 et 17 : Le Stoïcisme
– Jean-Baptiste Gourinat, Jonathan Barnes (dir.), Lire les stoïciens, Paris, PUF, 2009.
– Frédérique Ildefonse, Les Stoïciens I. Zénon, Cléanthe, Chrysippe, Paris, Les Belles Lettres, 2000, Figures du savoir.
– Christelle Veillard, Les Stoïciens II. Le stoïcisme intermédiaire (Diogène de Babylonie, Panétius de Rhodes, Posidonius d’Apamée), Paris, Les Belles Lettres, 2009, Figures du savoir.
– Thomas Bénatouïl. Musonius, Épictète, Marc-Aurèle : Les Stoïciens III. Paris, Les Belles Lettres, 2009, Figures du savoir.