VPH2U4 : Textes philosophiques en langues étrangères, L1, S2
CM Arnaud Macé, TD 1 Rodophe Étignard, TD 2 Arnaud Macé
Les pouvoirs de la parole en Grèce ancienne
Présentation générale
En première année, les textes en langue étrangère ne sont pas étudiés directement dans le texte original, mais leur lecture en traduction française est accompagnée de la découverte des mots importants dans la langue originale. Aucune connaissance préalable du grec ancien n’est donc requise pour pouvoir suivre ce cours, mais l’apprentissage des termes grecs fait partie de l’évaluation.
Le cours magistral présente le développement d’un art de la parole en Grèce ancienne dans ces différentes formes, poétique et théâtrale, oratoire et politique, savante et philosophique. On mettra en place les lieux de parole :
– la tribune politique où s’exerce la parole du chef, humain ou divin, s’adressant à l’assemblée des hommes ou des dieux, scène qui deviendra celle de l’éloquence judiciaire et politique
– la scène où paraît le devin, le poète inspiré, l’aède, le rhapsode qui par ses histoires enchante les foules ; où évoluent le chœur et les acteurs.
– le cénacle des savants et des disciples où se déploie la parole du savoir et ses effets spécifiques.
Nous parcourrons les métamorphoses de ces scènes de paroles, des poèmes de l’époque archaïque aux assemblées démocratiques et du théâtre. Ce cours sera aussi un moyen d’aborder l’étude de la philosophie ancienne dans son contexte d’émergence, comme une forme de parole spécifique, voire, avant cela, comme une forme d’interrogation d’abord apparue au sein d’autres formes de parole, à travers l’intérêt pour les formes de l’argumentation ou pour la connaissance des choses mêmes. L’apparition, dans la poésie même, d’une ambition de dire la connaissance de chaque chose en la replaçant au sein d’une représentation générale de l’univers, n’est peut-être pas étrangère au développement de la philosophie.
Ce cours général (avec A. Macé) met en place le contexte permettant de lire les œuvres qui seront lues en TD avec Rodolphe Étignard (La Poétique d’Aristote) et Arnaud Macé (Le poème de Parménide). Les deux TD sont obligatoires : ils ont eu lieu alternativement une semaine sur l’autre.
Bibliographie préliminaire
Œuvres anciennes
Lecture recommandées avant le début du cours.
– Homère, L’Iliade, traduit par Philippe Brunet, Paris, France, Seuil, 2010, 557 p.
– Homère, Odyssée, Traduit par Victor Bérard, Paris, Le Livre de Poche, 1974.
– Platon, Apologie de Socrate, traduction L. Brisson, introduction et notes par A. Macé, Paris, Flammarion (GF), 2017.
– Platon, Ion, texte établi par L. Ferroni, traduit et commenté par A. Macé, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
– Platon, Menexène, Paris, Flammarion (GF).
Études
– Brisson, L. « Les poètes ou le savoir et les valeurs partagés », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 31‑44.
– Brunet, P., La naissance de la littérature dans la Grèce ancienne, Paris, LGF – Livre de Poche, 1997.
– Demont P. et Lebeau A., Introduction au théâtre grec antique, Paris, Librairie générale française, 1996.
– Naddaf, « L’ἱστορία (historia) comme genre littéraire dans la pensée grecque archaïque », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 61‑78.
– Pernot, L., La rhétorique dans l’Antiquité, Paris, Le Livre de Poche, 2000, 351 p. – Platon, Gorgias, Phèdre, République (tous en édition GF – Flammarion).– Villacèque, N. et Payen, P., Spectateurs de paroles : délibération démocratique et théâtre à Athènes à l’époque classique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 431 p.
Retrouvez le plan du cours et des suggestions de lectures sur Moodle
TD 1. La Poétique d’Aristote avec Rodolphe Étignard
Résumé
TD sur la Poétique d’Aristote. En repérant quelques concepts clés dans leur langue originelle, et leurs traductions (françaises, voire anglaises ou allemandes, etc.), nous porterons l’analyse sur la spécificité de la philosophie antique sur l’art ou la production « poétique » dans le sens large que lui donnait les Grecs.
Souvent présentée par Platon comme une activité d’illusionniste dévoyant la cité (République, X), l’art est envisagé sous un aspect plus nuancé et énigmatique dans l’ Ion, notamment sur les sources de la création poétique. Cette activité proprement appelée mimèsis sera alors pleinement développée par Aristote dans la Poétique au sujet de l’art de la tragédie principalement et de l’épopée.
Bibliographie initiale (indicative, non exhaustive)
– ARISTOTE, Poétique, texte grec et traduction de Barbara Gernez, Paris, Les Belles Lettres, 2002 (deuxième tirage).
Autre traduction avec texte original :
– DUPONT-ROC R. et LALLOT J., Paris, Seuil, 1980.
– Les tragiques grecs. Théâtre complet. Euripide, Sophocle, Eschyle. Paris, Le livre de poche, 1999.
TD 2. Le poème de Parménide, avec Arnaud Macé
RésuméLe poème de Parménide, auteur actif dans la première moitié du Ve siècle avant J.-C., que nous connaissons par une série de fragments, est une œuvre qui emprunte à la poésie épique son vocabulaire, ses images, ses lieux, ses effets. Parménide détourne cependant la manière dont la poésie permet établir l’autorité d’une parole au profit d’une entreprise nouvelle : l’établissement de la vérité sur ce qui est et la dissipation de l’illusion dans laquelle le savoir se serait fourvoyé. Nous verrons que le poème déploie une critique de l’ensemble de la cosmologie et de la cosmogonie que les poètes et les savants avaient pu déployé au VIIe et au VIe siècles. C’est sur le terrain de la poésie que Parménide entend faire valoir les droits d’un nouveau discours de vérité.
Bibliographie préliminaire
– Brisson, et G. Journée, « Introduction à la lecture des présocratiques », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 9‑29.
– Laks, et G. W. Most, (éds.), Les débuts de la philosophie. Des premiers penseurs grecs à Socrate, Paris, Fayard, 2016
– Macé, « Ordering the universe in speech: kosmos and diakosmos in Parmenides’ Poem », in P. Horky (éd.), Cosmos in the Ancient World, Cambridge, Cambridge University Press, 2019.
– O’Brien, « Parménide », in L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (éds.), Lire les présocratiques, Paris, France, PUF, 2012, p. 129‑148.
– O’Brien, Études sur Parménide. Tome I, Le Poème de Parménide, éd. par P. Aubenque, Paris, J. Vrin, 1987.