Repenser le suicide, dans et hors du contexte de la fin de vie
Anna C. Zielinska
(Université de Lorraine, Archives Henri-Poincaré)
RésuméStatistiquement, le suicide et ses tentatives sont un signe de détresse, une manifestation d’un mal insupportable que l’entourage de la personne et la personne elle-même ont échoué à contenir. Ce n’est toutefois pas la seule conception de la fin de vie auto-infligée que l’on doit avoir, la tradition philosophique qui l’entoure montre bien d’autres pistes interprétatives.
Dans le contexte de mon intervention, j’aimerais proposer à la discussion deux questions ou deux réflexions. Premièrement, dans le contexte de l’interdiction de l’euthanasie dans les pays comme la France, que faire avec l’expression précoce du désir du suicide chez les personnes souffrant de maladie neuroévolutives ? Deuxièmement, il semble aujourd’hui nécessaire de faire revenir le suicide parmi les problèmes essentiels et ordinaires de discussion, aussi bien en philosophie qu’ailleurs. D’une part, parce que le fait d’en parler plus et mieux a la vertu de le dédramatiser aux yeux de ceux qui pourraient le rechercher et, ainsi, arrêter leur projet. Et d’autre part, parce tout comme l’euthanasie, le suicide n’est pas un événement qui concernerait qu’un seul individu et il est essentiel d’en avoir une version lucide et complète.
Dans ces réflexions, je mobiliserai aussi bien des ressources philosophiques que les études sur la fin de vie dans les pays où les procédures telles que l’euthanasie ou le suicide assisté sont autorisées, notamment dans le contexte psychiatrique.