Wittgenstein avec et contre la philosophie analytique
La réception de Wittgenstein en France reste largement obscurcie par la complexité de ses liens avec la philosophie dite « analytique », la méfiance pour l’un se nourrissant souvent de la méfiance pour l’autre. S’il constitue bien évidemment une source majeure pour cette tradition, le compter lui-même parmi les philosophes analytiques pose problème. Certes, Wittgenstein a côtoyé de très près les principaux précurseurs de cette tradition, aussi bien du côté britannique (Moore, Russell, Ryle…) que du côté austro-allemand (Frege, et les membres du Cercle de Vienne, Carnap, Schlick, Waismann…), mais ses réflexions ont pris un chemin opposé aux options positivistes ou logicistes de ses interlocuteurs. Dans ce cours, nous nous attacherons à introduire à la pensée de Wittgenstein, en resituant son développement dans le paysage de la philosophie analytique émergente. De fait, la tradition analytique a une histoire complexe et puise à plusieurs sources. Nous nous efforcerons de présenter et de clarifier cette histoire. Pour ce faire, nous tâcherons de mieux comprendre ce qui fait de Wittgenstein la référence majeure et incontournable pour toute philosophie analytique, mais aussi les raisons pour lesquelles il ne peut lui-même s’inscrire dans cette tradition à laquelle il donne naissance.