L’objet, le phénomène, la mesure et l’observateur : questionner en vue de la clarté ou écarter ces interrogations en vue de l’efficacité ?
Joël Garnier
Résumé
Une théorie physique considère des entités, leurs interactions, la mesure qui les instancie et le phénomène qui en résulte. La distinction entre ces éléments apparaît, a minima, comme une nécessité d’ordre catégorique (ontologique, transcendantal, phénoménal voire métaphysique) ; or si cela peut être relativement aisément accompli dans le cadre des théories classiques cela s’avère particulièrement problématique lorsque l’on s’intéresse aux théories physiques modernes : théories de la relativité et, surtout, mécanique quantique. Cette dernière, à partir de l’interprétation de l’école de Copenhague, tend à évacuer ces questions, fondamentales pour la constitution d’une théorie de la connaissance et, dès lors, nous conduit à nous interroger relativement aux fins visées par le physicien théoricien : faut-il attendre des théories physiques qu’elles nous permettent de comprendre les phénomènes naturels ou qu’elles nous rendent comme maîtres et possesseurs de la Nature ?
Bibliographie
– B. D’Espagnat, “Le réel voilé”, Chap. 1 ‘Physique et philosophie’, Fayard, 1994
– N. Bohr, ‘L’unité de la connaissance’ in « Physique atomique et connaissance humaine », Gallimard, 1991
– A. Kojève, ” L’idée du déterminisme dans la physique classique et dans la physique moderne”, Chap. 2 et Appendice A, Livre de poche, 1990
– A. Einstein, L. Infeld, “L’évolution des idées en physique” (en particulier : ‘La physique et la réalité’), Flammarion, 1983.
– M. Bitbol, “Mécanique quantique”, Chap.3 ‘Ce qui reste des images du monde’, Flammarion, 1996.
– F. Balibar, ‘Albert Einstein, Physique, philosophie, politique’ (en particulier Chap. 8 L’avilissement du savant), Ed Seuil, Coll. Points sciences, 2002.