Le laboratoire Logiques de l’Agir a le plaisir de vous convier à la première séance des séminaires du semestre d’hiver 2019. Elle aura lieu le mercredi 16 janvier 2019 à 18h00 à l’UFR SLHS de l’Université de Franche-Comté en salle E14 (Grand Salon), entrée par le 18 rue Chifflet, 25000 Besançon.
Bruno Karsenti (Philosophe, EHESS/ LIER) & Cyril Lemieux (Sociologue, EHESS, LIER) viendront débattre de leur récent ouvrage Socialisme et sociologie (Paris, EHESS, 2017)
Présentation
Dans cet ouvrage qu’ils viennent présenter au séminaire Logiques de l’Agir, Bruno Karsenti et Cyril Lemieux nous invitent à penser l’actualité du socialisme : oui, le socialisme est une idée toujours neuve en Europe, affirment-ils. Dans la première étude de leur ouvrage, qui en comporte trois, intitulée « Le socialisme et l’avenir de l’Europe » (pp. 13-122), ils mettent l’accent sur la nécessité qu’il y a aujourd’hui, pour le destin de l’Europe, à se réapproprier l’idée socialiste en s’écartant de toute approche « scientiste » du devenir historique des sociétés, approche si présente dans le marxisme du XIXe et XXe siècles et qui a occulté d’autres voies du socialisme. Cette formulation du socialisme a eu le défaut de masquer la part démocratique du projet socialiste, puisque le socialisme c’est, nous disent-ils, la prise de conscience que le développement social des sociétés modernes (soumises à la division du travail, orientées vers la production de richesses, etc.) doit être ressaisi démocratiquement par les individus pour ne pas conduire à de simples formes de concurrence et de domination les uns contre les autres.
Il y a donc un lien intrinsèque entre socialisme (le refus du monde tel qu’il va) et sociologie (la compréhension de ce qu’est une société – comprise d’abord et avant tout comme tissée de liens pour qu’une totalité puisse se reproduire), puisque le monde tel qu’il va, livré à lui-même, détruit la société. Insister sur cette dimension est une urgence face aux réactions auxquelles on assiste un peu partout en Europe (montée des nationalismes, des intégrismes, d’un raidissement religieux et traditionnaliste). Si la réaction se comprend comme une réaction « sociale » et comme recherche d’une protection de la société par elle-même, elle a le défaut de reposer sur la réactivation de liens par exclusion. Le socialisme a porté au XIXe siècle un projet de protection par inclusion – plus conforme à ce que nous apprennent les savoirs sociologiques. Dans les deux cas, socialisme et pensée réactionnaire, il s’agit bien de « défendre la société », mais le socialisme, comme le notent Bruno Karsenti et Cyril Lemieux, refuse « de fétichiser la nation et de faire de l’appartenance nationale ou religieuse (ou encore du sexe ou de la race) une justification du maintien ou de l’instauration de certaines inégalités de statut entre les individus » (p. 43). Bruno Karsenti et Cyril Lemieux nous invitent ainsi à retrouver le lien entre une certaine compréhension de ce qu’est une société (la sociologie) et le socialisme (qui fait la promotion de la faculté des sociétés à resserrer les liens et donc à protéger les individus). Pour faire le pont entre les deux, entre conscience sociale et pratique socialiste, l’éducation (sociologique) doit être placée au cœur du projet socialiste aujourd’hui selon nos deux conférenciers.
Venez nombreux·ses assister à cette conférence d’une grande actualité en cette période où les failles qui travaillent nos sociétés sont chaque samedi visibles dans les rues de nos villes.